Pour Antoine Aumonier, délégué du Secours Catholique en Franche-Comté, il est important de "changer le regard" sur les personnes en situation de précarité. Il s’appuie notamment sur les données récoltées sur un échantillon de 57.000 personnes en France ayant fréquenté l’association.
Différents types de personnes concernées
Selon le rapport publié par le Secours Catholique, les femmes seules sont en première ligne. Elles représentent 57,5 % en 2022 contre 51 % en 1989. En cause ? "Elles sont souvent moins bien payées, à temps partiel subi et ont ensuite de faibles retraites", est-il précisé par l’association.
Autre cas de figure, les personnes en situation de problèmes de santé. Ces dernières se retrouvent inactives, sans emploi ni chômage ni formation. Elles ont augmenté de cinq points en 10 ans…
Enfin, l’association confirme qu’elle a majoritairement accueilli des personnes seules en 2023.
"Les demandes exprimées au Secours Catholique par les ménages sont d’abord de l’aide alimentaire (46 %), de l’écoute, de l’aide pour payer les factures (charges, loyer, énergie, mobilité). 46,1 % des ménages sont en situation d’impayé : ce sont principalement des familles monoparentales, de nationalité française (78 %), vivant en logement stable, plutôt dans le parc social, avec un niveau de vie insuffisant pour subvenir aux dépenses quotidiennes (765 euros) mais plus élevé que la moyenne des ménages rencontrés", explique l’association.
En France, le seuil de pauvreté est établi à 1.275 euros. Le revenu médian s’élève à 555 euros en 2023. Dans le Doubs, il est à 470 € euros.
La difficulté d’accessibilité aux démarches administratives
Autre point à ne pas négliger : beaucoup de personnes se retrouvent aujourd’hui confrontées aux difficultés de la dématérialisation. Les démarches administratives sont étant presque entièrement à réaliser sur internet. Plusieurs cas de figure se distinguent :
- Ceux en zones rurales éloignées des maisons France Service "et dont les transports en commun ne permettent pas de se rendre", précise l’association.
- Ceux qui n’ont pas d’ordinateur et ne connaissent pas suffisamment l’informatique soit un "manque de fraternité" et "d’humains" pour le Secours Catholique.
- Ceux qui ne connaissent pas du tout le milieu de l’informatique
Le tout avec un système législatif" de "plus en plus stigmatisant" tient à souligner l’association.
Une hausse du non-recours aux prestations sociales
Autre point important à mentionner pour le Secours Catholique, une importante partie des personnes en situation de pauvreté ne font pas les démarches pour toucher des aides.
"Qu’il soit le produit d’un renoncement, d’une peur d’être stigmatisé, d’un manque de connaissances ou de difficultés d’accès dans les démarches, le non-recours aux prestations sociales n’est autre que la résultante de l’éloignement de la solidarité", explique le Secours Catholique dans son rapport.
L’association indique que "le non-recours au RSA a augmenté de 10 points en treize ans, passant de 26 % en 2010 à 36 % en 2023. La totalité des non-recourants vivent sous le seuil d’extrême pauvreté, contre 81 % des allocataires". Ce taux atteint 35 % en Franche-Comté.
À cela, s’ajoute la réforme du RSA qui "aggrave la situation" : L’association note une augmentation de 10,8 % en un an du non-recours dans les 18 départements qui expérimentent le dispositif, alors que le taux baisse de 0,8 % dans les autres départements. "Cette hausse a particulièrement affecté les hommes seuls et pères isolés ainsi que les moins de 40 ans", nous précise-t-on.
Pour rappel, le RSA est actuellement à 635 euros.
Les recommandations du Secours Catholique
L’association appelle à "réhumaniser le système d’accès aux prestations sociales" : "il faut garder des interfaces papier et des personnes en chair et en os qui vont accompagne", précise Antoine Aumonier.
Enfin, le Secours Catholique demande une "hausse du RSA" de "635 euros pour une personne seule à 850 euros".