Une "rixe dramatique qui se termine par la mort d’un homme" pour un motif aussi futile que celui d’une place sur une chaise. Tels ont été les mots du procureur pour qualifier les faits "de meurtre" retenus contre le présumé auteur de l’agression.
Le contexte est le suivant. Dimanche 11 août, vers 23h, la police nationale est requise pour une personne se trouvant dans une situation grave devant un immeuble du 21 rue de l’Amitié à Besançon. L’homme pris en charge par les secours est âgé de 27 ans et a reçu deux coups de couteau. Un dans le dos, et apparemment responsable du décès de la victime selon l’autopsie réalisée ce mardi puisque ayant perforé le poumon droit, une veine cave et le foie. Et un deuxième, au niveau abdominal. Des lésions de défense ont également été observées sur la victime au niveau du membre inférieur droit et des mains.
Des conditions d'interpellation difficiles
Tentant de comprendre l’origine de l’agression, les policiers ont toutefois été pris à partie dès leur arrivée sur les lieux par une foule venue se masser autour d’eux "alors même que la victime était encore au sol et n’avait pas encore pu bénéficier de soins" a précisé Déborah Bouché.
La "rumeur publique" a toutefois permis aux policiers d’identifier le mis en cause explique le procureur. Il s’agirait d’un mineur non accompagné d’origine malienne arrivé en France en 2022 "qui était scolarisé et ne posait aucune difficulté d’intégration jusqu’alors". Les policiers se sont rendus à son appartement situé dans l’immeuble devant lequel la victime a trouvé la mort. Le jeune âgé de 17 ans résidait avec deux autres mineurs isolés et a spontanément ouvert aux policiers. Tous n’ont opposé aucune résistance mais leur évacuation a été compliquée par la foule de résidants en colère.
Sur les trois interpellés, deux d’entre eux, totalement étrangers aux faits puisque non présents en bas de l’immeuble ont été remis en liberté et logés dans un autre endroit. Tandis que le troisième a rapidement avoué être impliqué dans le décès de la victime.
Aspergé d'essence et menacé d'un briquet
Il a expliqué aux enquêteurs que ce soir-là, des chaises avaient été placées en bas de l’immeuble en raison de la canicule pour profiter du frais ambiant. Résidant tous deux au même endroit, les deux hommes se connaissaient. La victime, âgée de 27 ans, aurait à un moment donné quitté son siège pendant une quinzaine de minutes pour regagner son appartement et le mineur aurait alors pris sa place. À son retour, l’homme a exigé qu’il libère la chaise.
"Des mots ont été échangés, la situation n’est pas très claire" précise Étienne Manteaux. Si certains parlent uniquement d’échanges d’insultes, le mineur a lui, expliqué aux policiers avoir reçu un coup de poing au visage. Il dit également avoir été aspergé d’essence et menacé avec un briquet. Il serait alors rentré chez lui pour se changer.
Cette version est notamment rendue crédible par le fait qu’il soit revenu avec d’autres vêtements en bas de l’immeuble et que des affaires aspergées de white spirit ont été retrouvées dans son appartement a indiqué Étienne Manteaux.
Le mineur s'est fait justice lui-même
"En colère suite à cette situation" le mineur est ainsi revenu avec un couteau de cuisine d’une lame de 21 cm dissimulé dans son t-shirt, dans le but de se faire justice lui-même "comme trop souvent malheureusement" s'est désolé le procureur. Il s’est approché de la personne avec laquelle il a eu un différend, "le ton est monté", un proche du défunt s’est interposé et a été blessé au niveau du bras. La victime a alors pris peur, a tenté de s’enfuir et aurait pris un premier coup de couteau dans le dos avant d’en recevoir un deuxième dans l’abdomen. Le couteau a été retrouvé dans l'appartement du mineur au cours de la perquisition réalisée le lendemain.
Né à Gray, le défunt était connu des services de police et possédait un casier judiciaire faisant état de 12 mentions dont une peine d’emprisonnement pour trafic de stupéfiants, port d’arme et vol aggravé.
Outre le fait de déplorer la situation : "il ne peut pas être toléré en France que l’on se fasse justice soi-même", Etienne Manteaux a également qualifié d’ "attitude détestable" les conditions d’intervention des policiers, contraints d’effectuer un cordon de sécurité autour des mis en cause lors de leur interpellation. Des dégâts matériels ont d’ailleurs été observés du côté des forces de l’ordre et "un policier a été blessé au nez après avoir reçu un coup de béquille au visage" a expliqué Déborah Bouché.
Considérant le type de blessures, le parquet a qualifié les faits de meurtre. Le mineur a été déferré devant le juge d'instruction et placé en détention provisoire