Gefco, racheté en 2022 par le transporteur maritime CMA-CGM, est poursuivi devant le tribunal correctionnel pour "recours, par personne morale, aux services d'une personne exerçant un travail dissimulé" entre juillet 2014 et février 2018. L'entreprise, spécialisée dans le transport d'automobiles sur des camions, était auparavant le partenaire historique du groupe automobile PSA, devenu Stellantis.
L'accusation reproche à ses deux entités, la SA Gefco et la SAS SASU Gefco France, d'avoir sous-traité l'emploi de chauffeurs routiers à des sociétés polonaise et slovaque qui n'avaient pas correctement déclaré leur embauche aux autorités françaises et à l’Urssaf.
Une société polonaise et cinq cadres d'entreprises de transport implantées en France, en Pologne ou en Slovaquie comparaissent ainsi aux côtés de Gefco pour "exécution en bande organisée d'un travail dissimulé". Cette société et les cinq prévenus sont également poursuivis pour "soumission de plusieurs personnes vulnérables à des conditions de travail indignes".
"Des conditions indignes"
"Toute notre activité était parfaitement transparente", s'est défendu lundi devant le tribunal l'un des cinq prévenus, Christian Hass. "Je comprends ce qui m'est reproché, mais je ne comprends pas le mécanisme. J'attends de ce procès de comprendre", a ajouté cet homme de 63 ans, qui à l'époque des faits gérait une entreprise basée en Alsace, qui collaborait avec des sociétés polonaises et slovaques pour fournir des chauffeurs à Gefco.
L'affaire avait débuté en janvier 2017 avec un signalement de la Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement (Dreal). La gendarmerie avait découvert une trentaine de chauffeurs slovaques et polonais qui transitaient "dans des conditions indignes" sur une base logistique à Quincey (Haute-Saône): ils étaient logés dans des bungalows vétustes, touchés par des infiltrations d'eau et de la moisissure, avec des sanitaires insalubres.
"L'enjeu, pour ces chefs d'entreprises, c'était d'échapper au paiement de leurs cotisations sociales en France", avait expliqué Emmanuel Dupic, procureur de Vesoul à l'époque des mises en examen en 2021.
L'Urssaf Franche-Comté et l'Organisation des transporteurs routiers européens (OTRE) se sont portées parties civiles. Le procès doit s'achever vendredi.
(AFP)