Les électeurs de la ville de Bâle ont été les plus nombreux à soutenir l'initiative, avec un score de 60,48%. Le canton de Genève, à forte tradition antinucléaire, a voté "oui" à près de 59%, tout comme le canton de Vaud voisin (54,57%). La participation n'a été que de 44,8%, car l'enjeu ne portait pas sur l'avenir du nucléaire en Suisse, mais uniquement sur un calendrier de fermeture des cinq réacteurs qui produisent environ un tiers de l'électricité du pays.
Les autorités helvétiques ont en effet décidé il y a 5 ans déjà de sortir du nucléaire, dans la foulée de la catastrophe nucléaire de Fukushima au Japon, provoquée en mars 2011 par un tsunami meurtrier. Elles n'ont toutefois pas fourni de calendrier précis. Les centrales nucléaires suisses opèrent sous des licences qui leur permettent de continuer à produire tant qu'elles répondent aux critères de sécurité.
Pendant la campagne électorale, le gouvernement a insisté sur "la sécurité de l'approvisionnement" du pays, qui risquait, selon lui, d'être menacée par des "fermetures prématurées" des centrales. Les Verts ont déploré pour leur part qu'il faille attendre "une panne ou un incident" avant de pouvoir fermer l'un des parcs nucléaires les plus vieux au monde.
- La centrale de Beznau, installée dans le canton d'Aargau (nord), près de la frontière allemande, est en service depuis 47 ans. Il s'agit de la plus vieille centrale nucléaire au monde, depuis la fermeture du réacteur d'Oldsbury en Grande-Bretagne en 2012. Si le "oui" l'avait emporté, elle aurait dû fermer ses deux réacteurs dès l'an prochain, comme la centrale de Muhlberg, lancée en 1972 dans le canton de Berne.
Les deux derniers réacteurs installés en Suisse sont plus récents: Celui de Gosgen, à Soleure, est entré en service en 1979, et celui de Leibstadt, à Aargau, fonctionne depuis 1984.
Résultat encourageant pour la gauche
Malgré leur défaite, les défenseurs de l'initiative écologiste ont jugé le résultat "encourageant". "C'est un très bon score, pour une sortie ultra rapide du nucléaire", a commenté le conseiller national socialiste Roger Nordmann, cité par l'agence ATS. "C'est encourageant pour la prochaine lutte qui s'annonce: le référendum de l'UDC contre la Stratégie énergétique 2050", a-t-il dit.
L'UDC (Union démocratique du centre-droite) est opposée à ce plan du gouvernement qui prévoit un abandon total du nucléaire et son remplacement par des énergies renouvelables d'ici le milieu du siècle. Elle a prévu d'organiser un référendum sur cette stratégie.
Les Verts ont également qualifié la votation de dimanche de "premier débat sur la stratégie énergétique 2050". La conseillère nationale UDC de Genève, Céline Amaudruz, a pour sa part félicité les Suisses pour "leur réalisme". "La suite logique, c'est désormais d'accepter le référendum contre un projet mal conçu", a-t-elle déclaré à l'ATS.
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La Suisse produit environ 33% de son électricité à partir du nucléaire, près de 60% grâce aux centrales hydrauliques et un peu plus de 4% avec des sources renouvelables, comme le solaire et l'éolien, selon des statistiques officielles. Les Verts affirment que l'expansion rapide des énergies renouvelables en Suisse et en Europe pourrait rapidement compenser la perte de production d'origine nucléaire.