Selon les résultats définitifs, 76,9% des électeurs ont dit non à ce projet controversé. Le taux de participation était de 46%.
L'initiative populaire "pour un revenu de base inconditionnel" (RBI) était soumise au vote par un groupe sans affiliation politique. Elle proposait de verser chaque mois à tous les Suisses et aux étrangers vivant dans le pays depuis au moins 5 ans, une somme de 2500 francs suisses (2250 €) par adulte, qu'il ait ou non déjà un emploi, et 650 francs suisses (585 €) pour chaque mineur. Le salaire médian en Suisse est de 6000 francs suisses (5400 €).
Mais aussi généreuse soit-elle, l'idée qu'on puisse recevoir de l'argent sans contrepartie apparaît inconcevable aux yeux d'une grande majorité des Suisses, très respectueux de la valeur travail. En 2012 déjà, inquiets de voir leur compétitivité baisser au niveau international, les électeurs suisses avaient refusé de porter leurs congés payés de 4 à 6 semaines. L'initiative était soutenue par le seul parti des Verts. Le gouvernement et les autres partis politiques dénonçaient un projet utopique et trop coûteux.
"L'initiative n'était pas très claire "
"Les Suisses ont jugé dimanche de façon réaliste, a commenté sur la chaîne RTS le politologue Andreas Ladner, de l'université de Lausanne. Etre payé sans travailler, ça aurait été un grand pas. L'initiative n'était pas très claire, elle était surtout destinée à alimenter une discussion".
Seuls quelques communes dans les cantons du Jura et de Vaud et certains quartiers de Genève et Zurich ont soutenu la proposition. Malgré l'échec sans appel, les organisateurs de la consultation ont célébré ce qu'ils ont appelé leur "demi-victoire". "On est très contents", a déclaré l'un des pères de l'initiative, Ralph Kundig, rappelant qu'ils étaient partis "de très loin".
Sergio Rossi, professeur d'économie et membre du comité de soutien au RBI, préfère lui aussi voir le verre à moitié plein. "Une personne sur cinq a voté pour le revenu inconditionnel de base, il s'agit déjà d'un succès", a-t-il commenté. Pour lui, l'important est que les citoyens commencent à réfléchir à cette idée, "qu'il faudra tôt ou tard mettre en œuvre". "C'est un rêve qui existe depuis longtemps", mais qui est devenu "indispensable" face au chômage élevé provoqué par la robotisation croissante, explique Ralph Kundig.
Une idée à plus de 22 milliards d'euros
"C'est un vieux rêve, un peu marxiste. Plein de bons sentiments irréfutables mais sans réflexion économique", avait déclaré le directeur du Centre international d'études monétaires et bancaires à Genève, Charles Wyplosz, avant le scrutin. Selon lui, si le lien entre rémunération et travail est coupé, "les gens en feront moins".
Le RBI aurait nécessité un budget supplémentaire d'environ 25 milliards de francs suisses (22,6 Mds€) par an, financé par de nouveaux impôts ou taxes.
(Source : AFP)