"On ne dissout pas un soulèvement", a réagi le collectif sur Twitter, saluant les marques de soutien. Des "actions ressurgiront partout, dissolution ou non", a-t-il ajouté. Le soir même, de nombreux rassemblements en France, dont un à Besançon.
Un recours à la violence qui "n'est pas légitime" selon le gouvernement
"Le recours à la violence n'est pas légitime en Etat de droit et c'est bien cela qui est sanctionné", a pour sa part déclaré dans la matinée le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran. "Sous couvert de défendre la préservation de l'environnement", ce mouvement "incite à la commission de sabotages et dégradations matérielles, y compris par la violence", écrit le gouvernement dans son décret de dissolution.
Mais, "aucune cause ne justifie les agissements particulièrement nombreux et violents" auxquels il "appelle et provoque" et "auxquels ses membres et sympathisants participent", ajoute le décret. Pour appuyer son argumentaire, le gouvernement liste une série d'actions menées par SLT qui ont entraîné des "destructions matérielles" et "des agressions physiques contre les forces de l'ordre".
Les réactions dans le Doubs
Laurent Croizier, député du Doubs
Selon le député, l'écologie est une "cause légitime" qui ne saurait "légitimer la violence" : "Le droit de manifester, le droit au désaccord, ne sera jamais le droit de détruire, le droit de violenter ou le droit d’atteinte à la propriété privée", précise-t-il en expliquant que les activistes des Soulèvements de la terre se sont illustrés par des "méthodes violentes et dangereuses : produits incendiaires, couteaux, machettes, affrontements avec les forces de l’ordre, saccage d’une exploitation agricole, blocages du transport routier ou ferroviaire".
Pour Laurent Croizier, en choisissant la violence, les Soulèvements de la terre "abîment la République et la Démocratie et détruisent tous les efforts menés pour l’acceptation sociale de la cause écologiste". Il espère que la dissolution de l'association amènera les activistes "à revoir leur mode d’action".
La coalition des jardins populaires en lutte (Quartier Libre des Lentillères Dijon, Jardins à Défendre d'Aubervilliers, Jardins des Vaîtes Besançon, Collectif Défense des Jardins Tourcoing, Collectif Fête la Friche Lille, Jardins Joyeux Rouen, Sauvons les Gohards Nantes)
"La pente autoritaire et fascisante prise par le ministre Darmanin et le gouvernement Macron se poursuit", s'insurge la coalition des jardins populaires en lutte. Pour elle, un "nouveau palier" a été franchi depuis "la répression sanglante" de la manifestation contre les méga-bassines à Sainte-Soline, avec aujourd'hui la dissolution des Soulèvements de la Terre.
Les jardins populaires en lutte expliquent s'être notamment formés dans le cadre des Soulèvements de la terre les 2 et 3 avril 2022 à Besançon. Ils posent la question : "Que veut ce gouvernement en dissolvant les Soulèvements de la Terre ? Empêcher les luttes locales de se fédérer, nous empêcher d'échanger, de nous regrouper, de réfléchir ensemble, d'élaborer des stratégies communes et de nous épauler les un·es et les autres ?"
La coalition déplore également "le système capitaliste productiviste prédateur": "Il marchandise le monde et nos besoins vitaux. Pour nous, ce capitalisme urbain prend la forme de projets de bétonnage des quelques derniers espaces encore respirables dans les villes : les jardins populaires, ces jardins de celles et ceux qui n'en ont pas".
Selon elle, "On ne dissout pas des amitiés, des liens, des réseaux qui se créent partout en France. On ne dissout pas des idées et de l'intelligence commune. On ne dissout pas une prise de conscience. On ne dissout pas la convergence de luttes". La coalition souhaite avant tout "défendre le vivant, l'air, l'eau et la terre".
À gauche citoyens ! condamne fermement "cette nouvelle atteinte aux libertés publiques"
Dans un communiqué du 22 juin, l'association "À gauche citoyens !" affirme son total désaccord avec cette décision : "La criminalisation du mouvement écologiste « Les Soulèvements de la Terre » et son interdiction par Macron/ Darmanin illustre une fois de plus la dérive autoritaire du pouvoir. Sous prétexte de « recours à la violence », que notre association par ailleurs désapprouve, il s’en prend à un mouvement dont le seul crime est de s’opposer à la destruction du bien commun."
Pour l'association bisontine, il s'agit d'une "curieuse conception de la démocratie qui qualifie de terroristes celles et ceux qui alertent et combattent contre l’inaction climatique et les projets néfastes pour l’environnement ô combien plus dangereux pour la population. Le gouvernement d’Elisabeth Borne fait une nouvelle fois un faux pas d’autant qu’il se montre moins soucieux de l’ordre public face à la multiplication des agissements néofascistes. "
L’association "à gauche citoyens !" condamne fermement "cette nouvelle atteinte aux libertés publiques et plus particulièrement à la liberté d’association" ; elle appelle les citoyens à "dénoncer la dissolution administrative des Soulèvements de la Terre".