Le nombre de bénéficiaires de l'allocation aux adultes handicapés (AAH) de plus de 50 ans a augmenté de 55% entre 2011 et 2019. Or, cette évolution démographique, liée au vieillissement des générations nombreuses de l'après-guerre et à l'amélioration de l'espérance de vie des personnes en situation de handicap, n'a pas été anticipée par les pouvoirs publics, explique la Cour des comptes.
L'institution appelle ainsi l'État à améliorer le pilotage public de l'offre médico-sociale et à investir un milliard d'euros par an pour répondre aux besoins de ces personnes. "Le rapport révèle que les besoins croissants de cette population sont rarement satisfaits en raison de tensions sur l'offre d'accompagnement avec des conséquences parfois dramatiques sur les parcours et donc sur les individus", a résumé lors d'une conférence de presse Pierre Moscovici, Premier président de la Cour des comptes.
Difficulté d'obtenir des places en institut spécialisé
Près de 90% des personnes handicapées vieillissantes vivent dans un domicile autonome. Elles ont "significativement moins accès" aux soins que la population générale, et seules 41% de celles qui en font la demande parviennent à bénéficier d'un service d'accompagnement à domicile. Il est également difficile d'obtenir une place en institut spécialisé, surtout pour les personnes handicapées plus âgée s: 75% des demandes aboutissent pour les personnes de 25 à 29 ans, contre 33% de celles des plus de 45 ans.
En raison des tensions sur l'offre d'accompagnement, plus de 40.000 personnes handicapées vieillissantes sont accueillies en Ehpad: or, "l'Ehpad n'est pas toujours adapté, ils sont insuffisamment outillés pour ce public spécifique, ils ne peuvent devenir une situation acceptable d'hébergement que pour certains profils, à condition d'adapter la prise en charge", a souligné M. Moscovici.
Une mission de repérage dès 50 ans
Par ailleurs, les ruptures de parcours sont fréquentes, en particulier pour les travailleurs en établissement et service d'aide par le travail (Esat) logés en foyer, dont le logement est conditionné par l'emploi. Leur arrivée à la retraite marque souvent la fin de leur accompagnement médico-social, décrit le rapport.
L'accompagnement insuffisant et les difficultés d'accès aux soins font que le vieillissement des personnes handicapées est "dégradé" par rapport à la population générale, dénoncent les Sages de la rue Cambon. Ils recommandent de confier aux Maisons départementales des personnes handicapées (MDPH) une mission de repérage des personnes handicapées vivant à domicile pour leur proposer, à partir de 50 ans, d'évaluer leurs besoins médico-sociaux liés au vieillissement. Ils préconisent également de créer un observatoire national du handicap chargé d'analyser les données du secteur en vue d'éclairer les politiques publiques.
(AFP)