“Les opérateurs des pompes funèbres ne sont plus en mesure de prendre en charge les corps des personnes dans leurs lieux de décès” (SPTIS)

Cédric Ivanes, président du Syndicat professionnel des Thanatopracteurs indépendants et salariés d’acceuil (SPTIS) a écrit ce 17 mars 2020 une lettre ouverte à Emmanuel Macron afin de l’informer sur le manque de moyens mis à disposition de la profession.

Dans sa lettre, Cédric Ivanes indique son inquiétude sur la prise en charge des corps des défunts : "Les opérateurs des pompes funèbres ne sont plus en mesure de prendre en charge les corps des personnes dans leurs lieux de décès, qu’elles soient décédées ou non du Covid-19", indique-t-il en expliquant cela par le manque de moyens accordés à la profession : "Si les mesures de salubrité minimales ne peuvent pas se faire correctement, alors les hôpitaux, maisons de retraite et même les familles dont les proches meurent encore à domicile, devront prendre en charge et gérer les corps, dans le meilleur des cas, dans des chambres froides, dans le pire des cas, sans soin de thanatopraxie (Conservation), à leur domicile".

Voici l'intégralité de la lettre adressée au Président de la République :

"Monsieur le Président de la République,

Je m’adresse à vous en tant que Président du seul Syndicat professionnel de thanatopracteurs en France et ce que j’ai à vous transmettre, est particulièrement grave et important pour que vous preniez sérieusement en compte ce qui se passe.

En effet, je représente une branche des acteurs du service public que sont les thanatopracteurs. Ces personnels sont à la disposition de leurs concitoyens en 24/24 et 7/7 y compris dans des périodes moins dramatiques que celle que nous vivons.

A l’heure où je vous parle, ces acteurs primordiaux des services funéraires, dont certains sont aussi opérateurs de Pompes Funèbres, ne sont plus en mesure de prendre en charge les corps des personnes dans leurs lieux de décès, qu’elles soient décédées ou non du Covid-19 (A plus forte raison).

Je tiens à votre disposition en PJ, la réponse du Préfet de ma région qui stipule que nous ne sommes pas prioritaires pour accéder aux EPI (Équipements de Protection Individuelle) !

C’est un véritable non-sens car nous sommes autant, si ce n’est plus, exposés au risque de contamination.

Dans le cas où cette situation ne s’arrange pas rapidement et que nous ne puissions pas avoir accès à ces dispositifs, nous avons déjà avertit nos adhérents de recourir à leur droit de retrait, il est hors de question qu’ils mettent leur vie délibérément en danger alors qu’une mise en bière est requise pour les décès par Covid-19.

Si les mesures de salubrité minimales ne peuvent pas se faire correctement, alors les hôpitaux, maisons de retraite et même les familles dont les proches meurent encore à domicile, devront prendre en charge et gérer les corps, dans le meilleur des cas, dans des chambres froides, dans le pire des cas, sans soin de thanatopraxie (Conservation), à leur domicile.

Toute manipulation est rendue impossible sans une protection appropriée.

Comme vous le voyez, Monsieur le Président de la République, il est nécessaire que vous intercédiez favorablement et rapidement à cette requête, même si je suis parfaitement conscient des difficultés d’approvisionnement.

La répartition de ces dispositifs se doit d’être encore revue et devrait se faire, si je peux me le permettre, aux seuls soignants des hôpitaux et établissements de santé ainsi qu’aux opérateurs funéraires qu’ils soient thanatopracteurs ou opérateurs de Pompes Funèbres.

Les priorités sont clairement établies, au moins tant que les stocks ne sont pas reconstitués.

J’ai formé, avec deux membres du Bureau de ce syndicat, une cellule de crise afin que nous puissions vous répondre dans les meilleurs délais.

Je joins à ce propos leur coordonnées, mails et téléphones et j’ai déjà pris attache avec Madame Duhem des Renseignements Généraux afin de lui faire part de la situation critique à laquelle nous sommes confrontés.

Je reste très attaché aux valeurs de notre République, de notre devise et je respecte pleinement ce que vous avez mis en place car il en va, en effet, de notre survie à tous.

C’est la raison pour laquelle et afin de ne pas aggraver une situation déjà extrêmement compliquée, qu’il est primordial que nous recevions votre aide et votre soutien.

Dans l’attente d’une réponse rapide de votre part, je vous prie de recevoir, Monsieur le Président de la République ; l’expression de ma haute considération et de mon dévouement face à cette crise majeure sans précédent".

(Cédric Ivanes, Président du SPTIS).

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