"Lancée en 2024 dans un grand voyage en Patagonie, aux multiples rebondissements, l’auteure a partagé avec le public son incroyable périple. Entre malice, aventure et poésie, son récit ne manquait pas d’embûches !", précise Grand Besançon Métropole.
Les lauréats
- Le 1er prix a été attribué à Joëlle Cailleaux
- Le 2e prix à Janine Jacquel
- Le 3e prix à Marie-Paule Delvenne
Les récompenses
- 1er prix : un stage de langue offert par le CLA d’une valeur de 500 €.
- 2e prix : un bon d’achat d’une valeur de 200 € en librairie, offert par Grand Besançon Métropole.
- 3e prix : un bon d’achat d’une valeur de 200 € en librairie, offert par Grand Besançon Métropole.
Une correction détaillée a été proposée par le club Belf’ortho, fidèle partenaire de l’évènement avec le CLA dont plusieurs professeurs de français participent aux vérifications des "copies".
Corrigé de la dictée :
Vovöl (Le Tripode) paru en juin 2023, c’est le poème des origines, une sorte de nouveau récit d’Ève et d’Adam. La légende d’un amour infini entre deux êtres têtus.
"Bien que, dans l’ensemble, elle se déroulât fort bien, cette mission internationale de recherche artistique avait plutôt mal commencé. Et j’en porte quelque responsabilité.
Pour obtenir une aide pécuniaire de l’Institut français, j’alléguai dans mon dossier de candidature le caractère excessivement reculé des canaux maritimes de Patagonie. J’invoquai notamment les hauts faits des grandes circumnavigations et les épopées navales que, depuis Magellan, les navigateurs ont donné à lire sur ces latitudes extrêmes. Enfin, pour donner une tournure solennelle à cette mission vers les cinquantièmes hurlants, je précisai que la langue agglutinante du peuple de pêcheurs nomades auquel* je m’intéressais était en train de se désagréger à la vitesse d’un vieux gréement lancé par la fureur des flots contre les côtes déchiquetées du cap Horn.
Aussi me suis-je vu octroyer non seulement la bourse, mais également une bonification pour voyager de façon conforme à la beauté tragique de ce projet : à la voile, sans recours aux forces électromotrices de notre modernité galopante.
Voilà comment le 19 avril dernier j’embarquai à bord de l’Étoile du Sud*, goélette naviguant sous pavillon français. Bizarrement, le commandement en était assuré par un Sud-Américain d’ascendance quechua*. L’antique deux-mâts et son inénarrable capitaine Rodrigo m’avaient été recommandés par un vieil ami du Bureau des longitudes, qui, par le passé, avait fait partie du personnel navigant. Par les histoires que je m’étais laissé conter, je savais que don* Rodrigo avait été un sémillant officier, passionné de géodésie pratique. En mer, il était censé reconnaître* le méridien de Greenwich aux reflets bleu-vert que prenait la crête des vagues sous cette longitude première. Originaire de l’Équateur, il possédait en outre une science innée des alizés et contre-alizés. D’aucuns disaient qu’il était même capable de faire chanter le moindre zéphyr dans les haubans de hune et de misaine.
Malheureusement, l’homme que je découvris quant à moi n’avait rien d’un artiste. Phtisique et bourré d’arthrose, il parlait un sabir d’espagnol et de langue autochtone, mâtiné d’un français de loup(s) de mer. « Affale-moi ça, pasionaria*. Nom d’un Inca, noue donc les garcettes de ris avant de finir tes tortillas. Amure ton petit foc sur le beaupré pendant que je finis mon cigarillo. » En bonne ignare, je trouvais insultants les ordres incessants qu’il me donnait, et fus finalement soulagée lorsque à l’entrée du détroit de Magellan un vent catabatique lui ôta la vie en le précipitant par-dessus bord. La suite du voyage n’offrit pas d’autre élément notable".
* Variantes orthographiques (orthographe rectifiée en italique) : auxquels, L’(Étoile du Sud), quéchua, dom, reconnaitre, passionaria.