Une dictée spéciale "BD" a été lue ce matin aux 125 participants réunis à la Maison des Sciences, de l’Homme et de l’Environnement. "Il fallait y être attentif puisque cette dictée fut un véritable chemin semé d’embûches", indique Grand Besançon Métropole.
Une correction détaillée a ensuite été proposée par le club Belf’ortho, fidèle partenaire de l’évènement avec le CLA dont plusieurs professeurs de français participent aux vérifications des "copies". Cette année, une petite touche inédite a fait son apparition lors de la correction : le dessinateur Erwann Surcouf, connu pour Pouvoirpoint et Mars Horizon, a illustré ce moment en direct par ses dessins.
Voici les lauréats
- Le 1er prix a été attribué à Michel HAAG
- Le 2ème prix à Raphaël FERRI
- Le 3ème prix à Marie-Dominique ESQUE
Tous les trois ont commis 10 erreurs et ont dû être départagés par « l’épreuve de mort subite ».
Les récompenses
- 1er prix : un stage de langue offert par le CLA d’une valeur de 500 €.
- 2ème prix : un bon d’achat d’une valeur de 200 € en librairie, offert par Grand Besançon Métropole.
- 3ème prix : un bon d’achat d’une valeur de 200 € en librairie, offert par Grand Besançon Métropole.
Corrigé de la dictée
L’autre jour, j’entrepris de visiter le grenier de la gentilhommière que mon arrière-grand-père avait habitée pendant quelque soixante ans. Entre une bercelonnette et une scribanne, j’écartai une tenture formée de deux morceaux rentrayés d’un beau velours incarnat, et exhumai d’un bric-à-brac un palimpseste, dont l’encre noir de jais était à demi effacée. À n’en pas douter, il datait de l’époque des Ptolémées, voire du Moyen Empire ; une période qu’en tout cas les Druzes* eux-mêmes n’avaient point connue, et encore moins le dernier shah* d’Iran.
Afin de décrypter plus commodément cet écrit, je me rencognai au fond d’un coussin rembourré de kapok sous le regard vide et vitreux d’un jaguarondi empaillé. Certains passages, rédigés en démotique, semblaient évoquer une méthode pour accommoder les doliques*, ces papilionacées égyptiennes dont l’ingestion avait la particularité de provoquer chez moi des exulcérations heureusement non malignes. Fébrile, je passai nerveusement une
main sur mon visage, pouvant presque sentir la sinuosité rugueuse des follicules pilosébacés sous ma barbe.
Toute cette affaire ne manquait pas de m’emmouscailler et, pour ma part, j’aurais préféré un recueil formé de tercets contant les aventures d’un couleuvreau et d’une pie-grièche ou un lai chantant les louanges d’un roi moyenâgeux. Même une recette de salade de coprins chevelus ou de clavaires dorées eût fait l’affaire.
Déroulant, dans l’intervalle, le fil de mes pensées, tel Thésée le fil d’Ariane, je considérai(s) cette perspective qui m’apparaissait évidemment plus sympathique que l’idée d’avaler un grand hanap d’une décoction de jusquiame noire ou de caresser les tentacules fuselés rouge vermillon des drosères qu’un petit maître** avait représentés avec minutie sur l’un des volets du diptyque me faisant face.
Après de longues minutes passées à vaticiner sous la lambourde à propos de mes futurs exploits, je reposai le parchemin au(x) son(s) d’un théorbe* méphistophélique et imaginaire, et disparus, laissant indifférent l’eyra aux yeux figés.
Mathieu Sapin - 2023 - Texte révisé et enrichi par Philippe Dessouliers
* Variantes orthographiques : Druses, schah ou chah, dolics, téorbe
** Variante nouvelle orthographe : maitre