Le décompte, cité par le journal le Parisien dans son édition de dimanche, a été réalisé par Emeline Jersol, médiatrice culturelle travaillant pour Le Boulon, un centre national des arts de la rue situé à Vieux-Condé, près de Valenciennes (Nord). Cette dernière tient depuis le début de l'année le registre des "festivals, structures et associations supprimés/annulés" à travers une carte interactive qu'elle a baptisée "cartocrise" et qui est visible sur le site internet OpenStreetMap consacré aux cartes.
On peut relever actuellement sur cette carte 143 points correspondant, soit à des festivals annulés soit à des structures fermées dans le domaine de la musique, du théâtre, de la danse, des arts plastiques, des arts de la rue, de la littérature ou d'autres domaines. Parmi ceux-ci une centaine correspondent à des festivals supprimés ou bien dont l'édition 2015 a été annulée.
En France, ces suppressions ou annulations résultent surtout de suppressions de subventions publiques, en particulier municipales après l'arrivée de nouvelles équipes à la tête de villes, à la suite des élections de mars 2014. "Un nouveau maire c'est un nouveau réseau. +Je te sabre parce que tu as soutenu l'autre+" explique dans le parisien Emmanuel Négrier, chercheur au CNRS et auteur du livre "Festivals de musiques: un monde en mutation". Un exemple : le festival Les Voix de Gaou qui existait depuis 17 ans à Six-Fours-les-Plages (Var) et qui a été supprimé en raison d'un mélange de baisse de fréquentation, de "surenchère" en matière de cachets pour les artistes et de baisse des dotations de l'État
Pour la Franche-Comté, la cartocrise recense trois victimes de la baisse des dotations :
- Le cinéma avec la suspension Fonds cinéma de la Région Franche-Comté
- Le festival du Piou Piou
- Le collectif Peluches (cessation d'activité au 10 janvier 2015)
Dans le journal le directeur du festival de rock de Belfort, Les Eurockéennes (plus de 100.000 personnes attendues pour l'édiction 2015), Jean-Paul Roland, estime que "même les gros festivals sont menacés" à cause de la baisse des subventions publiques et aussi de la réorganisation des régions.
Un pacte avec les collectivités
De son côté, le ministère de la Culture rappelle qu'il vient de mettre en place des "pactes" avec les collectivités locales. "Je leur propose de m'engager à leurs côtés en maintenant sur leur territoire les crédits du ministère de la Culture pour les trois prochaines années s'ils acceptent eux aussi de stabiliser leurs financements", écrit Fleur Pellerin dans un communiqué. "J'ai d'ores et déjà signé trois pactes pour amorcer cette nouvelle dynamique, avec des villes de droite comme de gauche ; je compte en avoir signé une trentaine avant la fin du premier semestre", ajoute-t-elle.