Voici les principales actions annoncées :
Soutenir les PME
Depuis octobre, la BCE mène sa troisième campagne de prêts géants aux banques (dits TLTRO), à des taux très avantageux, à condition que les banques prêtent à leur tour aux ménages ou aux entreprises.
Pour éviter une vague de défaillances liées à l'épidémie, les gardiens de l'euro ont décidé jeudi d'accorder des "conditions nettement plus favorables" aux banques lors des prochaines vagues de prêts qui seront opérées entre juin 2020, quand une importante échéance d'un TLTRO plus ancien va arriver à échéance, et juin 2021.
Cette mesure est destinée à "soutenir les prêts accordés à ceux qui sont le plus affectés par le coronavirus, particulièrement les petites et moyennes entreprises", explique l'institution.
Les banques qui prêteront assez d'argent dans l'économie pourront emprunter à la BCE à un taux jusqu'à 25 points de base inférieur à celui du taux de dépôt, maintenu jeudi à -0,50%. Résultat : les banques recourant au TLTRO seront de fait rémunérées par la BCE quand elles prêtent de l'argent.
La BCE va par ailleurs lancer immédiatement un prêt géant non ciblé (LTRO) servant de "relais" en termes de liquidités apportées aux banques avant la prochaine vague de prêts ciblés en juin (TLTRO). Une mesure prise par précaution, la BCE ne percevant pas encore de "signes de pénurie de liquidités sur les marchés monétaires".
Augmenter les rachats de dette
Le BCE a également décidé d'augmenter ses rachats de dette publique et privée, sa puissante arme anti-crise baptisée "QE" ("Quantitative Easing", "Assouplissement quantitatif"), déjà déployée entre mars 2015 et fin 2018 et réactivée en novembre.
Le conseil des gouverneurs veut dépenser 120 milliards d'euros supplémentaires d'ici la fin de l'année 2020, s'ajoutant aux 20 milliards d'euros engagés jusqu'ici par mois. L'accent sera mis sur les rachats de dettes d'entreprises, indique la BCE, qui ne précise pas dans quelle ampleur.
L'institution, qui détenait fin février 2.623 milliards d'euros de dette à son bilan, entend encore gonfler ce stock afin de maintenir de bonnes conditions financières sur les marchés.
Le QE ne fait toutefois pas l'unanimité: la contestation n'est pas près de s'éteindre en Allemagne, où la Cour constitutionnelle doit se prononcer le 24 mars sur la validité du mécanisme. Des eurosceptiques veulent faire établir qu'à travers cet outil, la BCE viole l'interdiction de financer directement les Etats
Taux inchangés
L'institution a créé la surprise en décidant de laisser ses taux inchangés, notamment le "taux de dépôt", s'appliquant aux liquidités que les banques choisissent de lui confier, faute de les distribuer sous forme de crédits, qui a été maintenu à -0,50%.
La BCE se laisse toutefois la possibilité de nouvelles baisses, pour inciter encore plus fortement les banques à prêter aux ménages et aux entreprises.
Depuis 2016, la BCE maintient à zéro son taux directeur servant dans le refinancement des banques à court terme. Elle ne disposait donc pas des marges de manœuvre de la Réserve fédérale américaine ni de la Banque d'Angleterre, qui viennent tour à tour d'abaisser le leur de 0,5 point de pourcentage, tout en le gardant positif.
Consciente que son taux négatif sur les dépôts rogne les marges des banques, la BCE exonère déjà une partie des liquidités en excès, selon un système dit "two-tier" inauguré en septembre et élargi en novembre.
La partie dispensée des taux négatifs est demeurée à six fois le volume des réserves obligatoires constituées par les banques pour faire face aux retraits de leurs clients.
La mesure profite principalement aux banques allemandes et françaises, aujourd'hui les plus pénalisées par les taux négatifs.
(Source AFP)