Lelandais reconnaît avoir tué Maëlys et présente ses excuses

Au premier jour de son procès pour meurtre ce lundi 31 janvier 2022 à Grenoble, Nordahl Lelandais a reconnu avoir « donné la mort » à la jeune Maëlys, avant de présenter ses excuses à sa famille.
 
 

Maëlys ©DR ©

"Je veux leur présenter mes excuses, j'ai bien donné la mort à Maëlys, je ne voulais pas lui donner la mort, je vais m'expliquer sur les faits au cours de l'audience", a-t-il déclaré depuis le box en réprimant des sanglots, avant que l'audience ne soit suspendue.

L'accusé de 38 ans, qui s'est présenté lundi légèrement barbu, les cheveux grisonnants coupés ras vêtu d'une chemise bleue et un d'un pantalon beige, avait auparavant enlevé son masque pour demander à la présidente s'il pouvait se tourner vers la famille de la victime, mais la magistrate lui a demandé de s'adresser à la Cour.

Au cours de la matinée, l'ancien maître-chien militaire, jugé pour le meurtre précédé de l’enlèvement et de la séquestration de Maëlys De Araujo, 8 ans, en août 2017, avait pourtant semblé éviter de regarder du côté des parties civiles, fixant la plupart du temps la présidente ou ses pieds.

Les parents de Maëlys sont venus au palais de justice de Grenoble munis d'un grand portrait peint de la fillette, ensuite laissé devant l'entrée de la salle. "L’objectif est que Maëlys ait toute sa place dans cette salle d’audience", a expliqué l'avocat de la mère de l'enfant, Me Fabien Rajon, ajoutant que la famille était "prête à affronter ces trois semaines d’assises".

Les proches de l'enfant sont "de plus en plus déterminés, impatients, bien sûr lucides quant à la capacité de Nordahl Lelandais à dire toute la vérité, notamment sur les sévices de nature sexuelle infligés à la petite Maëlys", a-t-il ajouté, alors que les poursuites pour viol ont été écartées pendant l'instruction faute d’élément.

A l'ouverture de l'audience plusieurs témoins manquaient à l'appel, dont le frère de l'accusé, Sven Lelandais, qui a demandé par courrier à ne pas assister à l'audience, affirmant qu'il n'avait "rien à voir" avec cette affaire et arguant qu'il venait à peine de "difficilement" retrouver du travail comme saisonnier en montagne.

L'avocat de l'accusé, Me Alain Jakubowicz, a appuyé sa requête, le décrivant comme "un homme malade, atteint d’une maladie orpheline". Il n'a pas été suivi par la présidente, qui a ordonné qu'il soit "recherché".

Elle a également ordonné la présence d'un ex-codétenu de l'accusé, dont le témoignage avait été jugé peu fiable dans le passé, et de l'une de ses ex-petites amies, pourtant porteuse d'un certificat médical.

La présidente a ensuite fait la lecture de l'épais rapport résumant l'affaire et la journée devait se poursuivre avec l'audition de témoins dont une enquêtrice de personnalité et la mère de l'accusé.

"On réessayera demain"

Dès le début, il y a quatre ans et demi, ce tragique fait divers avait fasciné le grand public, suscitant compassion pour les parents de la fillette et indignation à l'égard du suspect, perçu comme un manipulateur et un temps soupçonné d'être un tueur en série.

Des dizaines de personnes s'étaient présentées très tôt lundi matin devant le palais de justice dans l'espoir d'assister au procès, mais nombre d'entre elles n'ont pu accéder à la salle.

"Aujourd'hui on est arrivé à 7H30, on réessayera demain et on viendra dès 7H00", déclarent avec une pointe de déception deux étudiantes grenobloises en droit, Melissa Abismail, 18 ans, et Melisa Caglak, 19 ans.

Déjà condamné à Chambéry en mai 2021 à 20 ans de réclusion pour le meurtre du jeune soldat Arthur Noyer, Nordahl Lelandais n'avait pas fait appel.

Il devra à présent s'expliquer sur les circonstances qui l'ont conduit à tuer Maëlys De Araujo lors d'une soirée de mariage à Pont-de-Beauvoisin (Isère) dans la nuit du 26 au 27 août 2017.

On ignore notamment encore dans quelles conditions la petite fille est montée dans sa voiture. Les circonstances du décès de l'enfant restent aussi entourées de zones d'ombre.

Rapidement soupçonné malgré ses dénégations, l'ancien militaire avait finalement été confondu par la découverte d'une tache de sang dans le coffre de sa voiture. Six mois après les faits, il avait conduit les enquêteurs jusqu'aux restes de sa victime, dans le massif de la Chartreuse.

Il sera également jugé pour agressions sexuelles à l'encontre de deux petites-cousines âgées à l'époque de 5 et 6 ans, ainsi que pour détention et enregistrement d’images pédopornographique.

(Avec AFP)

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