Jusqu’où ira l’Église catholique dans ses décisions pour endiguer la pédocriminalité en son sein ? De premiers éléments de réponse ont été communiqués à la presse, lundi 8 novembre. Les évêques ont demandé au pape de les aider en "envoyant quelqu’un" de confiance afin d'"examiner" la manière dont ils traitent les personnes victimes de pédocriminalité, a annoncé Éric de Moulins-Beaufort, président de la Conférence des évêques de France (CEF), lors du discours de clôture de l’assemblée plénière de la CEF à Lourdes.
Les décisions prises vendredi et les résolutions votées à huis clos "marquent un pas décisif". L'épiscopat a également annoncé la création d'une instance nationale indépendante de reconnaissance et de réparation, dirigée par la juriste Marie Derain de Vaucresson. Sa mission : instruire les demandes des victimes de violences sexuelles. Quant au fonds d'indemnisation, il ne sera pas financé par des dons des fidèles, mais par la vente des biens de l'Église ou un emprunt.
Le pape recevra les recommandations de la Ciase
La Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (Ciase) avait secoué toute l’institution en estimant à 330 000 le nombre de personnes de plus de 18 ans ayant fait l’objet de violences sexuelles depuis 1950, quand elles étaient mineures, de la part de clercs, religieux ou personnes en lien avec l’Église. Une partie de ce rendez-vous entamé mardi dernier était consacrée à la suite à donner à ce rapport piloté par Jean-Marc Sauvé, qui a révélé l’ampleur de la pédocriminalité dans l'institution.
Les évêques transmettront au Saint-Père, "après les avoir travaillées un peu", les recommandations de la Ciase, qui concernent l’Église universelle, en particulier concernant le droit canonique. Sans révéler la teneur des résolutions votées, Éric de Moulins-Beaufort a aussi annoncé que la CEF avait décidé la constitution d’une série de groupes de travail chargés de réfléchir à "des aspects différents de notre gouvernance diocésaine ou nationale" et de faire des propositions concrètes.
Vaste programme de renouvellement
D’après l’archevêque de Reims, ces groupes, "pilotés par une personne laïque", rendront compte de leurs travaux en amont de chacune des assemblées plénières. Les résolutions constituent "un vaste programme de renouvellement" des pratiques de gouvernance dans l’Église de France. Le détail des résolutions doit être annoncé lors d’une conférence de presse à 14 heures. Vendredi, sous la pression du rapport Sauvé et des associations de victimes, les 120 évêques ont reconnu "la responsabilité" de l’Église catholique dans les crimes sexuels commis par des prêtres et religieux et leur dimension "systémique" depuis 1950.
Mgr de Moulins-Beaufort avait alors souligné que "cette responsabilité entraîne un devoir de justice et de réparation". Les mots "réparation" et "indemnisation" ont été prononcés lundi dans son discours de clôture, mais sans être détaillés. Le contenu d’un dispositif d’indemnisation financier a fait partie des questions travaillées par les évêques.
(Avec AFP)