Les discussions ont été longues et tumultueuses entre LFI et le PS depuis quelques jours… Le PS tenait à conserver le maximum de sa vingtaine de députés sortants. Mais LFI, en position de force après les 22 % de Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle, considérait ses interlocuteurs "trop gourmands" eu égard à leur score de 1,7 % à la présidentielle.
L'ancien Premier ministre Bernard Cazeneuve a d’ailleurs annoncé ce mardi qu'il quitterait le PS en cas d'accord avec LFI, estimant que ses dirigeants ont "perdu leur boussole" d'un "socialisme républicain".
maCommune.info : La Gauche s’unit pour les élections législatives, qu’en pensez-vous ?
Myriam El Yassa : "Quand la Gauche est unie, elle est toujours plus forte. En tant que premier fédéral, je ne peux que me réjouir. Le fait de présenter des candidatures uniques est historique. Apparemment, l’accord porte sur 70 circonscriptions (sur 577). J’ai toutefois des réserves sur le fait qu’il y a 500 délégués qui vont être ‘débranchés’. Ils étaient, en effet, des candidats potentiels du PS. Cela va créer de la déception, des déchirures… Mais je pense que l’intérêt général est prioritaire.
Il y a deux lignes au sein du PS. Je prends acte que Bernard Cazeneuve quitte le parti. C’est une perte. Nous attendons la décision du Conseil national (parlement du parti socialiste). La ligne d’Olivier Faure est majoritaire donc ça passera".
mC : Vous êtes-vous senti "forcé" de vous réunir à Gauche ? De vous rallier à LFI ?
Myriam El Yassa : "Le Conseil national a donné mandat aux négociateurs de faire alliance le plus largement possible en incluant LFI sous réserve que l’ensemble des partis soient respectés. Il est vrai que la délégation n’a pas encore trop communiqué auprès des cadres sur les premiers fédéraux, sur les circonscriptions prioritaires ou non… "
mC : Vous ne savez donc pas encore quelles sont les circonscriptions attribuées aux partis ?
Myriam El Yassa : "Personne ne sait quelles sont les circonscriptions concernées. C’est un peu léger, mais je peux comprendre, car il était question de ne pas menacer l’accord. Sinon, tout le monde aurait tenté d’interférer pour tenter de sauver son département, sa commune… Je garde espoir que la circonscription 4 du Doubs (Audincourt) fasse partie de l’accord. Normalement, la circonscription 1 est dédiée à LFI, la 2 à EELV, la 3 au PCF et j’espère que l’on aura la 4e… Je me prononcerai davantage après le vote du conseil national et en avoir discuté avec l’ensemble de ma fédération".
mC : Au niveau local, comment se sont passées les négociations ?
Myriam El Yassa : "Nous avons fait plusieurs rencontres avec l’ensemble des partis pour savoir quelles étaient les circonscriptions prioritaires pour chacun. Nous avons également essayé de dialoguer, car cela n’a pas toujours été simple entre LFI et le PS.
Les deux partis ont mis de l’eau dans leur vin pour avoir un maximum de députés à l’Assemblée nationale pour être force de propositions face à des ordonnances d’Emmanuel Macron. C’est l’intérêt commun.
Toutefois, je pense que dans certaines fédérations, il y aura des dissidences, notamment du côté de l’Occitanie et de la Côte d’Or…"
mC : Est-ce que le PS pourrait perdre beaucoup dans cette histoire ?
Myriam El Yassa : "À l’échelle nationale, nous avions 28 députés, mais, désormais, il faudra voir la qualité des circonscriptions. Il s’agira de voir si elles sont gagnables ou pas. Le PS ne serait pas perdant s’il arrivait à avoir le même nombre de députés. Localement, je n’ai aucun parlementaire. Je n’ai ni sénateur ni député. Je ne peux être que gagnante".
mC : Quels étaient les principaux points de divergence lors des négociations entre LFI et PS ?
Myriam El Yassa : "C’est surtout sur les questions de fond, internationales, européennes, l’OTAN. C’est aussi sur la question de la laïcité, c’est pour cela que Bernard Cazeneuve est mécontent.
Au niveau local, j’ai le point d’accrochage avec le cas de Stéphane Ravacley sur la circonscription 2. Anne Hidalgo et moi-même sommes allées le chercher. Il devait siéger pour le PS".
mC : Pour être clair, l’union de la Gauche est bien un "accord politique global" et pas "un simple accord électoral" ?
Myriam El Yassa : "Nous sommes bien sur un accord politique global. Les premières réunions ont reposé sur le fond. Il a ensuite été question des circonscriptions".
mC : Le mot de la fin ?
Myriam El Yassa : "J’espère que la Gauche obtiendra deux à trois députés dans le Doubs. Je pense que Stéphane Ravacley a ses chances, Damien Charlet aussi ainsi que Séverine Vézies pour LFI".