Derrière les grilles de l'Hôpital Saint-Jacques se trouve, au-delà d'un bâtiment d'exception, le seul musée de l'anesthésie de France dans le bloc opératoire Saint-Joseph inscrit au titre des Monuments historiques depuis 2012. Le musée propose une salle d'exposition de 350 objets destinés notamment aux premières anesthésies réalisées en 1847, trois mois après la première anesthésie homologuées au monde, au Massachusetts General Hospital de Boston. Il met par la même occasion en lumière d'illustres Francs-Comtois ayant contribué à cette recherche dont Louis Pasteur, Xavier Bichat, Pierre-François Antoine Percy, Georges Cuvier, Pierre Huguenard ou encore Jean-Victor Corbet.
Par ailleurs, les pièces racontent l'évolution de l'art médical depuis le milieu du XIXe siècle touchant à l'anesthésie, la chirurgie, la médecine et la physiologie.
Ce musée, appartenant au CHU de Besançon, est géré par une association présidée par Alain Neidhardt, professeur honoraire et anesthésiste en retraite. Chaque premier jeudi du mois, les membres de l'association organisent une visite guidée de ce lieu pour le moins original.
Vers un transfert du musée en dehors du centre-ville…
Un protocole de vente est en cours entre le CHU de Besançon, propriétaire de l'Hôpital Saint-Jacques donc du musée de l'anesthésie, et l'entreprise Vinci. La promesse de vente a été signée le 13 décembre 2019. La date de la vente est fixée en mars 2022. Une "Cité des savoirs et de l'innovation" est prévue sur le site de l'hôpital et de l'Arsenal (bâtiment situé en face), dont une grande bibliothèque.
Dans ce contexte, le CHU de Besançon souhaite donc déplacer le musée de l'anesthésie sur son site, boulevard Alexandre Fleming. Une idée qui déplaît fortement à une communauté de défenseurs du patrimoine qui souhaite que ce musée reste au centre-ville de Besançon.
D'ailleurs, le Dr Pascal Bonnet, psychiatre et ancien conseiller régional et municipal à Besançon, a ouvert un groupe de soutien sur Facebook il y a un an comptant aujourd'hui près de 2.300 membres. Discussions, partages de documents, de courriers et d'articles de presse, photos… les défenseurs du musée de l'anesthésie qui en sont membres y rassemblent de nombreux documents et argumentaires afin de lutter pour la sauvegarde du lieu. Pour le Dr Bonnet dans un courrier adressé à la maire en date du 27 septembre 2021, "cet ensemble devrait être un élément de la future Cité des savoirs et de l'innovation en mémoire du lieu et non déconstruit avec les risques que représente un transfert à l'hôpital Minjoz".
"Il ne faut pas déplacer ce musée, surtout si on regarde l’ensemble patrimonial d’exception dans lequel il se trouve !"
En mars 2021 puis le 5 octobre dernier, la conseillère municipale de l'opposition Christine Werthe a interpellé la maire de Besançon sur ce sujet. Elle a demandé à ce que la Ville de Besançon ou Besançon Métropole joue le rôle de "personne publique pour s'entendre avec Vinci pour l'utilisation, l'exploitation et la mise en valeur du site de Saint-Jacques".
Pour la conseillère municipale, "ce ne serait pas une dépense parmi d’autres mais un investissement essentiel, un investissement qui irait dans l’intérêt patrimonial de Besançon, et dans son intérêt touristique" et d'ajouter que "ce musée a un rôle à jouer dans la future « Cité des Savoirs et de l’Innovation » qui sera implantée à Saint-Jacques. Ce Musée sera attractif !"
En mars dernier, la maire de Besançon avait répondu qu'elle ne souhaitait pas prendre position sur ce dossier. Aujourd'hui, "le temps presse" rappelle Christine Werthe le 5 octobre : "Je vous demande donc de vous positionner maintenant, avant qu’il ne soit trop tard : voulez-vous oui ou non sauver ce Musée en faisant l’acquisition de cet ensemble patrimonial auprès du CHU ?"
Contactée mercredi 13 octobre, la Ville de Besançon nous a indiqué qu'aucune position n'est prise sur ce dossier.