Le Parlement adopte les lois controversées anti-fake news

Publié le 21/11/2018 - 07:55
Mis à jour le 21/11/2018 - 08:05

Comment lutter contre « la manipulation de l’information » en période électorale? Le Parlement a adopté mardi soir, par un ultime vote de l’Assemblée, deux propositions de loi controversées, jugées « inefficaces » et « potentiellement » dangereuses par les oppositions et des associations de journalistes.

© Nick Youngson  CC BY-SA 3.0 Alpha Stock Images ©
© Nick Youngson CC BY-SA 3.0 Alpha Stock Images ©

Le premier texte a été voté par 183 voix contre 111 et 8 abstentions, avec l'appui de la majorité LREM-MoDem. Le second a été approuvé par 347 voix contre 204 et 14 abstentions, lors d'un vote auquel davantage de députés ont pris part.

Droite et gauche ont voté contre ou se sont abstenues, dénonçant des lois "inutiles" et pointant "un risque" notamment pour la liberté d'expression. Des associations et syndicats de journalistes se sont aussi élevés contre ces textes, craignant notamment un premier pas vers une possible "censure".

Après deux rejets, fermes, du Sénat et l'échec d'un compromis entre les deux chambres, les députés ont eu le dernier mot sur ces propositions de loi de la majorité, voulues par Emmanuel Macron, qui avait été visé par des rumeurs pendant la campagne présidentielle.

Le chef de l'État avait annoncé en janvier, lors de ses voeux à la presse, vouloir "faire évoluer notre dispositif juridique pour protéger la vie démocratique de ces fausses nouvelles".

Dans une allusion à peine voilée aux médias russes RT et Sputnik, il avait fustigé "cette propagande articulée avec des milliers de comptes sur les réseaux sociaux" qui "en un instant" répandent "des bobards inventés".

L'enjeu des textes: "Agir face à ce qui, loin d'être un épiphénomène, constitue un défi majeur pour nos démocraties: le dévoiement du débat public et in fine des scrutins par des entreprises malveillantes de désinformation", a affirmé la rapporteure LREM Naïma Moutchou, en évoquant les élections européennes de mai, "prochain grand théâtre de la manipulation".

Les textes doivent permettre à un candidat ou parti de saisir le juge des référés pour faire cesser la diffusion de "fausses informations" durant les trois mois précédant un scrutin national. Ils imposent aux plateformes numériques (Facebook, Twitter, etc.) des obligations de transparence lorsqu'elles diffusent des contenus contre rémunération.

"Menace bien installée"

Le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) pourra en outre suspendre la diffusion de services de télévision contrôlés "par un État étranger ou sous l'influence" de cet État s'ils diffusent "de façon délibérée de fausses informations de nature à altérer la sincérité du scrutin".

"La manipulation n'est pas seulement une menace mais une réalité (...) bien installée", a affirmé le ministre de la Culture Franck Riester, saluant des textes qui vont "dans le bon sens". Les arguments du gouvernement n'avaient pas convaincu le Sénat, à majorité de droite, qui avait rejeté les textes sans même les discuter. À l'Assemblée, les textes ont clivé.

Au coeur de la polémique: la définition même d'une "fake news". À cette expression, la Commission d'enrichissement de la langue française (CELF) préfère les termes "information fallacieuse" ou le néologisme "infox".

Selon la définition adoptée, les "fausses informations" sont "des allégations ou imputations inexactes ou trompeuses d'un fait de nature à altérer la sincérité du scrutin".

Mélenchon dénonce les "journalissimes"

La définition de la "fausse information" retenue "est toujours ni claire, ni protectrice", a estimé Constance Le Grip (LR), "sceptique" sur l'efficacité des mesures. Elle craint aussi "des effets indésirables", comme "un risque d'autocensure", de "police de la pensée" et des "atteintes à la liberté de la presse".

Les insoumis, qui ont demandé en vain le rejet des textes, ont surtout évoqué le travail des journalistes. Dans une diatribe contre les médias, leur chef de file Jean-Luc Mélenchon a fustigé "des +journalissimes+ qui s'estiment au-dessus de tout engagement" et du "devoir d'honnêteté intellectuelle".

Elsa Faucillon (groupe communiste) a pour sa part critiqué une loi "au mieux inutile, au pire contre-productive donc dangereuse."

"Les effets des mesures coercitives de ces propositions de loi (...) seront négligeables quand elles ne feront pas peser une menace sur la liberté fondamentale d'expression", a estimé Bertrand Pancher (Libertés et territoires). "On a pris un temps fou pour un texte qui ne donne satisfaction à personne", a jugé le socialiste Hervé Saulignac.

(AFP)

Soyez le premier à commenter...

Laisser un commentaire

Politique

Petite enfance : avec 61% de taux d’occupation, la Ville de Besançon peut encore progresser

En conférence de presse, Claudine Caulet, adjointe en charge de l’Éducation, des écoles et de la restauration à la Ville de Besançon a dressé le bilan des actions entreprises dans le domaine de la petite enfance à la suite du contrôle effectué par la Chambre régionale des comptes. 

Un budget “ambitieux” et “rigoureux” de 223 millions d’euros pour la Ville de Besançon

Lors du prochain conseil municipal de la Ville de Besançon, la majorité présentera aux élus locaux les prochaines orientations budgétaires définies pour l'année 2025. L’élu en charge de l’Économie et des Finances, Anthony Poulin, a détaillé la composition de ce budget 2025 lors d’une conférence de presse ce mercredi 19 février à l'Hôtel de ville de Besançon. 

20 ans de la loi Handicap : le budget 2025 du Département du Doubs dépasse les 95 millions d’euros

Vingt ans après la promulgation de la loi du 11 février 2005 sur le handicap, le conseil départemental du Doubs fait le bilan des avancées réalisées en faveur des personnes en situation de handicap. Avec un budget de 95,7 millions d’euros dédié à cette cause en 2025, la collectivité veut confirmer son engagement pour une inclusion renforcée et un accompagnement adapté à chaque parcours de vie.

Le ministre délégué aux Affaires étrangères en visite à Besançon ce vendredi

Le ministre délégué auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères chargé de la Francophonie et des Partenariats internationaux, Thani Mohamed-Soilihi sera présent ce vendredi 14 février à Besançon. Après un passage par la préfecture en début d’après-midi, monsieur Mohamed-Soilihi se rendra au centre de linguistique appliquée de Besançon.

Le Conseil constitutionnel annule l’élection d’une députée LR dans le Jura

Le Conseil constitutionnel a annoncé jeudi 13 février 2025 l'annulation de l'élection de la députée LR Marie-Christine Dalloz dans le Jura, au motif de la candidature irrégulière d'un candidat RN placé sous curatelle. Mme Dalloz n'est plus députée et une nouvelle élection va devoir être organisée.

À Besançon, des experts européens pour plancher sur la problématique de travail dans la région

Les 11 et 12 février 2025, à Besançon, s’est tenue la première Peer review (revue des pairs) organisée à la Région Bourgogne-Franche-Comté, dédiée à la Gestion prévisionnelle des emplois et des compétences territoriales. Composée d’experts européens, cette commission avait pour objectif de proposer des recommandations politiques en réponse à la problématique de travail.

Conférence à Besançon : ”Extrême droite : la résistible ascension” avec Nadège Abomangoli

La France insoumise de Besançon organise une conférence autour du livre Extrême droite : la résistible ascension édité par l’Institut la Boétie, jeudi 13 février 2025 à Besançon en présence notamment de Nadège Abomangoli, députée LFI et vice-présidente de l’Assemblée nationale.

Offre d'emploi

Devenez membre de macommune.info

Publiez gratuitement vos actualités et événements

Offre d'emploi

Sondage

 9.32
légère pluie
le 22/02 à 18h00
Vent
1.8 m/s
Pression
1025 hPa
Humidité
91 %