Le musée de la Résistance et de la déportation de Besançon se dévoile

Publié le 05/09/2023 - 18:23
Mis à jour le 11/09/2023 - 17:32

Après 16 mois de travaux pour un budget total de 5 422.000€, le nouveau musée de la Résistance et de la déportation de Besançon rouvrira ses portes ce vendredi 8 septembre 2023 lors d’un week-end festif à la Citadelle. Ce mardi 5 septembre, nous avons pu le visiter en avant-première au cours d’une visite presse.

Désormais impossible de rater l’entrée du nouveau musée de la Résistance et de la déportation. Située sur l’esplanade Denise Lorach, celle-ci, par son allure contemporaine, se démarque complètement du bâtiment initial de l’architecture Vauban. Elle fait désormais face aux poteaux des fusillés de la Citadelle, eux aussi bien mieux mis en valeur. Non loin, dans son axe, on retrouve également la statue du témoin de Georges Oudot. 

Après quelques mots d'introduction de la maire de Besançon Anne Vignot, la visite se fait en présence de plusieurs journalistes et sous la houlette du directeur du musée de la Résistance et de la déportation Vincent Briand, assisté de la chargée de collection Aurélie Cousin et d'Aline Chassagne adjointe à la maire de Besançon en charge de la culture.

Trois espaces dédiés

L’entrée lumineuse est suivie d’une salle d’orientation qui dessert les trois espaces du musée : une exposition permanente présentée en onze salles, une exposition temporaire répartie sur six salles et un espace composé de deux salles dédiées au fonds d’art en déportation, présenté comme l’un des plus riches d’Europe par l’équipe du musée. 

Avant l’accès à l’exposition permanente, un film d’introduction d’environ 5 min 30 rappelle le contexte historique des années 20/30 et permet de mettre en condition le visiteur afin de démarrer la visite avec une vision claire des enjeux politiques de l’époque. 

Le nouveau parcours de l’exposition permanente a été guidé par trois axes principaux : 

  • Musée d’histoire, outil citoyen
  • Individus et sociétés en guerre
  • Mots et langage

Les onze salles s’articulent également en neuf thèmes allant de l’Allemagne nazie dans l’Europe des années 1930 à la Libération et à la question nécessaire de la reconstruction, de la transmission et de la préservation de cet héritage. 

Une accessibilité repensée

L’accessibilité a été totalement repensée avec de nombreux ascenseurs et des traductions en allemand et en anglais. De nombreux témoignages, visuels, mais également sonores accompagnent le visiteur tout au long de la visite. C’est un musée "qui est très bavard" résume le directeur Vincent Briand. 

Dans chaque pièce, on note la présence d’objets témoins comme ce réveil nazi qui illustre la place qu’occupe la propagande dans le quotidien des ménages. Ou encore cette imprimerie de poche, un simple jouet d’enfant détourné de son utilisation première, qui trône au centre de la pièce consacrée à la Résistance et révèle ainsi le combat par les mots mené par les résistants.

© Élodie R.

Plus le visiteur avance dans l’exposition, plus "on s’enfonce dans la noirceur de l’histoire" commente Vincent Briand. L’éclairage est donc travaillé en tant que tel et baisse en intensité jusqu’à l’arrivée dans les salles consacrées à la déportation et au système concentrationnaire. Dans celles-ci les images et objets forts se multiplient. Une veste de déporté nous fait ainsi face dès que l’on pénètre dans la salle dédiée à la déportation. Une d’infographie illustre l’extermination des Juifs lors des convois partis de France entre 42 et 44 et permet de "mesurer l’échelle du crime" selon le directeur du musée. Enfin, comme pour signifier le comble de l’horreur nazie, une brassière et une sandale d’enfant trouvés à Auschwitz trônent au centre de la pièce. 

Un espace de 70m2 consacré à l’art en déportation 

Pour la première fois, le musée permet au public l’accès au "trésor" de ses collections, son fonds d’art en déportation dans un espace dédié. Une sélection d’oeuvres réalisées clandestinement par les déportés dans les prisons et les camps nazis sont ainsi exposées. Dessins, portraits, caricatures, sculptures, témoignent de l’horreur des camps mais aussi de l’irrésistible envie de créer pour s’évader.

© Élodie R.

Les donateurs à l’honneur de l’exposition temporaire

Aurélie Cousin, chargée de collection, achève de nous présenter l’exposition temporaire répartie sur six salles qui met à l’honneur le lien particulier entre le musée et ses donateurs à travers cinq rencontres. Celle-ci nous plonge dans "les coulisses du musée" à travers une exposition photo de Brigitte Chartreux qui retrace le travail qui est fait en amont par toute l’équipe du musée pour construire une telle exposition. Un choix voulu et assumé par le musée qui souhaitait "quelque chose de simple mais qui montre pourtant toute l’intimité des échanges" conclut Aurélie Cousin.

© Élodie R.

Plus moderne et plus accessible

La nouvelle muséographie est résolument moderne et affirme son ancrage local notamment grâce aux nombreux et récurrents témoignages de Germaine Tillion, résistante déportée, Jeanne Oudot qui tient son journal personnel sous l’occupation et Henri Fertet, résistant fusillé à la Citadelle.

Contrairement à sa version précédente, le nouveau musée est plus "grand public". Bien que présents, les objets "forts" sont moins nombreux et l’ambiance générale est moins pesante qu’elle ne l’était auparavant. On ressort de la visite du musée moins "secoué" que lors de sa première version. Alors avantage ou inconvénient ? On laisse le soin à chaque visiteur de décider par lui-même.

En revanche, la dimension artistique résolument plus présente, est elle, un réel atout pour cette nouvelle version du musée de la Résistance et de la déportation que les visiteurs pourront découvrir par eux-mêmes dès ce vendredi 8 septembre à l'occasion d'un week-end festif d'inauguration.

Infos + 

  • C’est grâce à Denise Lorach, rescapée des camps, que le musée de la Résistance et de la Déportation a ouvert pour la première fois ses portes le 17 juillet 1971.
  • Les collections sont issus de dons et ont été enrichies notamment via une collecte lancée en 2019. Ce mode d’acquisition des collections transforme ainsi la mémoire familiale en une histoire partagée.
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