Le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti relaxé par la Cour de justice de la République

Publié le 30/11/2023 - 12:07
Mis à jour le 30/11/2023 - 11:09

Le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti, jugé pour prise illégale d'intérêts, a été déclaré "non coupable" et relaxé mercredi à Paris par la Cour de Justice de la République (CJR), une décision qui éclaircit son horizon politique.

 © Facebook Eric Dupond-Moretti
© Facebook Eric Dupond-Moretti

"Le garde des Sceaux va pouvoir continuer à mener son action au sein de l'équipe gouvernementale, au service des Français. Je m'en réjouis", a réagi sur X (anciennement Twitter) la Première ministre Elisabeth Borne.

Invité du journal télévisé de France 2 mercredi soir, Eric Dupond-Moretti a dit son "soulagement". "Je veux tourner la page, même si c'était quelque chose de douloureux, et je veux reprendre le cour ordinaire de mon travail"

Les juges de la CJR, en majorité des parlementaires, n'ont pas suivi les réquisitions de l'accusation qui avait réclamé un an de prison avec sursis à la fin de ce procès inédit d'un ministre de la Justice en exercice. Le procureur général de la Cour de cassation, qui représente l'accusation à la CJR, "étudie en détail" la décision avant de se prononcer sur un éventuel pourvoi en cassation, d'ici mardi, selon une source proche du dossier.

Impassible à l'annonce de sa relaxe

La relaxe, "c'est ce que l'on espérait, c'est ce que le droit dictait. C'est évidemment une satisfaction, une émotion énorme (...). La Cour de justice de la République a jugé que le ministre de la Justice était innocent", a réagi devant la presse l'avocate d'Eric Dupond-Moretti, Me Jacqueline Laffont. "Cette décision confirme également s'il en était encore besoin que Eric Dupond-Moretti n'a jamais souhaité, à aucun moment, se venger contre quiconque", a abondé son autre avocat, Me Rémi Lorrain.

Puis il est demeuré impassible à l'annonce de sa relaxe, et a quitté le palais de justice sans faire de déclarations à la presse. Pour se rendre aussitôt à l'Elysée, où il a parlé avec Emmanuel Macron des "chantiers en cours" de la justice, et ceux "à venir", a-t-il assuré sur France 2.

Dans ses motivations, la cour a considéré que "l'élément matériel" de la prise illégale d'intérêts était bien constitué, mais pas "l'élément intentionnel".

Jusqu'au bout du suspense

Le président Dominique Pauthe a fait durer le suspens jusqu'au bout.

Après avoir longuement rappelé la définition du délit de "prise illégale d'intérêts" pour lequel le ministre était jugé, il a commencé par dire que le garde des Sceaux, "en ordonnant" en tant que ministre des enquêtes administratives contre quatre magistrats "qu'il avait publiquement critiqués" quand il était encore avocat, s'était bien trouvé bien dans une "situation objective de conflit d'intérêts".

Mais Eric Dupond-Moretti n'a jamais exprimé "une animosité, un mépris ou un désir de vengeance" envers ces magistrats, et il n'avait pas "la conscience suffisante" de "s'exposer à la commission d'une prise illégale d'intérêts", a-t-il poursuivi. Il "n'est pas établi", a aussi estimé la CJR, que le ministre ait "été alerté d'un tel risque" avant d'ordonner ces enquêtes. "A défaut de caractérisation de l'élément intentionnel (...) ces infractions ne sont pas constituées" et Eric Dupond-Moretti "dès lors, doit être relaxé", a conclu Dominique Pauthe.

"Illisible"

Une décision "illisible juridiquement", et "manifestement politique", a réagi Jérôme Karsenti, avocat de l'association anticorruption Anticor, qui avait porté plainte contre le ministre. "C'est tout le drame de cette justice d'exception", a-t-il ajouté au sujet de la CJR, juridiction régulièrement critiquée pour la clémence de ces jugements et qu'Emmanuel Macron et François Hollande avaient promis de supprimer.

Après l'annonce de la relaxe, les députés LFI ont à nouveau appelé à la suppression de cette "juridiction d'entre-soi systématiquement partiale". "Aujourd'hui, ce conflit d'intérêts, qui était nié, est reconnu (...), c'est une avancée majeure dont on ne peut que se féliciter", a réagi Me Christophe Clerc, avocat des deux syndicats de magistrats à l'origine de la plainte inédite contre leur ministre de tutelle - qu'ils avaient mis en garde sur le potentiel conflit d'intérêts dès sa nomination surprise en juillet 2020.

Devant la CJR, le garde des Sceaux, resté en poste pendant les dix jours de procès où il s'était défendu bec et ongles, n'a cessé de jurer avoir laissé loin "derrière lui" ses vieux différends avec les magistrats, n'ayant plus qu'un unique but, "réussir son ministère". Le reste, avait-il martelé : "Je m'en fous".

(AFP)

Soyez le premier à commenter...

Laisser un commentaire

Justice

Homicide conjugal : à Besançon, une convention pour améliorer la prise en charge des mineurs

Le procureur de la République Etienne Manteau a présenté ce mercredi 15 janvier 2025 au tribunal judiciaire de Besançon et en compagnie de responsables judiciaires et d’institutions médicales et du Département du Doubs, la nouvelle convention permettant une amélioration de la prise en charge des enfants dans le contexte d’un homicide conjugal. 

Une nouvelle magistrate et un vérificateur installés à la chambre régionale des comptes Bourgogne-Franche-Comté

La chambre régionale des comptes Bourgogne-Franche-Comté a procédé jeudi 9 janvier 2025 à l’installation d’une nouvelle magistrate, Marina Albrecht, lors d’une audience solennelle présidée par Emmanuel Roux, président de la chambre. À cette occasion, un nouveau vérificateur, Fabrice Taillard a prêté le serment exigé pour l’exercice de ses fonctions.

La plainte contre la secrétaire fédérale du Parti socialiste classée sans suite à Besançon

Le 26 décembre dernier, la première secrétaire fédérale du PS avait été placée en garde à vue suite à dépôt de plainte de la part d’un homme de 70 ans qui avait été prélevé de 80 euros. Aucune charge n’a été retenue, la faute étant due à une erreur de saisie informatique, a-t-on appris ce 14 janvier 2025.

Faute médicale à la naissance : l’hôpital Nord Franche-Comté condamné à indemniser un homme handicapé

L'hôpital Nord Franche-Comté (HNFC), implanté près de Belfort, a été condamné à verser près de 1,5 million d'euros à un jeune homme lourdement handicapé depuis une faute médicale survenue lors de sa naissance en 1998, a-t-on appris mardi 7 janvier 2025 auprès du tribunal administratif de Besançon.

À Besançon, deux associations alertent sur le danger des pratiques de stationnements en ville

En 2020, les associations ''Trottoirs libres !'' et ''Association vélo Besançon'' ont saisi la ville de Besançon pour dénoncer les arrêts et stationnements illégaux sur trottoirs et bandes cyclables, en violation du code de la route et de la loi handicap de 2005. Le 17 décembre 2024, la Cour d'appel du Tribunal administratif a rendu son jugement : pas de condamnation pour la ville de Besançon.

Offre d'emploi

Devenez membre de macommune.info

Publiez gratuitement vos actualités et événements

Offre d'emploi

Sondage

 -2.34
ciel dégagé
le 18/01 à 09h00
Vent
0.77 m/s
Pression
1030 hPa
Humidité
89 %