"Il faut protéger nos enfants de tous les risques. L'école est un sanctuaire", a estimé Emmanuel Macron à Ajaccio, apportant son "plein soutien" au plan du gouvernement qui "va beaucoup plus loin" que les mesures déjà prises.
"La mobilisation doit être générale : chacun a son rôle à jouer. Avec tout mon gouvernement, nous sommes à vos côtés, et nous mènerons une lutte implacable contre le harcèlement", a déclaré Elisabeth Borne, lors de la conférence de presse de présentation de ce plan "contre le harcèlement à l'école et dans tous les lieux de vie de l'enfant".
"Notre plan, c'est 100% prévention, 100% détection, 100% solutions", a ajouté Elisabeth Borne.
Avant la conférence de presse, la Première ministre avait entendu plusieurs témoignages d'élèves harcelés ou engagés dans des associations de lutte contre le harcèlement. "Ce n'est évidemment pas des histoires simples à raconter. En parler c’est très important et vous engager aussi pour les autres c’est aussi une très belle façon de se reconstruire", a-t-elle conclu.
Une "priorité absolue" de la rentrée
Après le suicide de Lindsay, 13 ans, en mai dans le Pas-de-Calais, Elisabeth Borne avait demandé aux ministres de l'Intérieur, de la Justice, de la Santé et au secrétaire d'Etat au Numérique de travailler avec le ministre de l'Education nationale à ce plan interministériel, un sujet dont elle a fait une "priorité absolue" de la rentrée.
Plusieurs mesures avaient déjà été mises en place pendant l'été, dont la possibilité de changer d'établissements les élèves harceleurs dès cette année ou de pouvoir sanctionner un auteur de cyberharcèlement contre un élève d'un autre établissement.
Pour renforcer cet arsenal, le plan annoncé mercredi prévoit notamment "la formation de tous les acteurs de la communauté éducative : les élèves, les parents, les personnels de l'Education nationale, avec l'objectif que chacun soit formé d'ici la fin du quinquennat", mais aussi une formation "renforcée" pour les "forces de l'ordre, magistrats et personnels de la Protection judiciaire de la jeunesse".
- Le gouvernement a aussi décidé de faire du 3018, numéro d'aide d'urgence actuellement dédié au cyberharcèlement, "le numéro unique de signalement, accompagné d'une application".
"Confiscation des téléphones"
Le ministre de l'Education, Gabriel Attal, a annoncé la mise en place de "cours d'empathie", inscrits dans le cursus scolaire, "à l'image de ce qui existe dans d'autres pays, notamment au Danemark", qui seront généralisés à l'école à partir de la rentrée 2024.
Autre mesure concernant les élèves, un questionnaire sera rempli par tous les élèves du CE2 à la 3e pour mieux détecter les cas de harcèlement.
En outre, à l'occasion de la journée nationale de lutte contre le harcèlement scolaire le 9 novembre, "deux heures seront banalisées dans tous les établissements scolaires de France dédiées à la lutte contre le harcèlement", a détaillé Gabriel Attal.
En matière de réponses aux situations de harcèlement, Mme Borne a annoncé que le procureur serait désormais "systématiquement" saisi "en cas de signalement pour harcèlement, notamment grâce à une plateforme dédiée entre l'Education nationale et la justice".
Pour renforcer "considérablement" les sanctions contre le cyberharcèlement, le gouvernement a aussi décidé de "développer la confiscation des téléphones" pour les auteurs de cyberharcèlement grave et de "permettre d'exclure les élèves harceleurs des réseaux sociaux", a développé la Première ministre.
Le harcèlement à l'école, qui en France toucherait un élève sur dix, est au coeur de l'actualité en cette rentrée après une série de cas dramatiques et autant de polémiques sur la gestion du harcèlement, à la suite notamment du suicide du jeune Nicolas, 15 ans, qui s'est donné la mort à Poissy (Yvelines) au lendemain de la rentrée.
Gabriel Attal, qui a lancé un audit sur la gestion des cas de harcèlement au cours de la dernière année scolaire, a indiqué que chaque académie "devra se doter d'une stratégie anti-harcèlement" d'ici "la fin de l'année".
(Source AFP)