D'un côté la direction de l'hôpital et son plan de retour à l'équilibre (la dette est passée de 54 à 192 millions de 2005 à 2010). De l'autre, un personnel qui se sent "épuisé, découragé, démotivé" selon les termes des personnels des blocs opératoires qui ont écrit une lettre ouverte à leur hiérarchie. Ils estiment qu'il ne peuvent plus "assurer la sécurité des patients par manque d’effectifs - infirmiers anesthésistes, infirmières de bloc, aides-soignantes, etc. - (...) La santé et la sécurité même des patients sont menacées. Certaines procédures d’hygiène et de nettoyage ne peuvent plus être assurées. Les implants et les instruments nécessaires pour opérer ne sont plus stérilisés en temps et en heure."
Devoir jouer les "superwomen"
Reste que l'écart entre les objectifs budgétaires et les conditions de travail du personnel conduit à un véritable malaise. Les infirmiers de bloc opératoire expliquent qu'il est dangereux de développer la polyvalence entre les services et qu'ils ne peuvent pas "maitriser" toutes les spécialités. Mais c'est bien le manque de personnel qui est le plus mal vécu. "L’IBO joue les superwomen s’occupant de la surveillance du patient (fragile), du chirurgien, du matériel, de la gestion des implants, du programme opératoire et, pour peu qu’il n’y ait pas d’aide-soignante, doit recoucher le patient et nettoyer la salle !"
Pour preuve du problème, les syndicats expliquent qu'une troisième salle de réveil a dû être fermée un mois après le déménagement de l'hôpital St-Jacques vers Minjoz, faute de personnel, provoquant des perturbations dans le fonctionnement des blocs. Cette salle n'a depuis été rouverte que partiellement. Mais selon les syndicats, ce problème n'est que l'arbre qui cache la forêt. Il semblerait que la grogne enfle aussi dans d'autres services...
Un climat d'inquiétude pour tous
Car les personnels des blocs opératoires ne sont pas les seuls à avoir vu se dégrader leurs conditions de travail. L'intersyndicale du CHRU signale également :
- l’insuffisance de remplacement de l’absentéisme des personnels dans les laboratoires et les services de soins, de la pédiatrie à la gériatrie.
- L’insuffisance de moyens humains du service transport patient générateurs de retard et de désorganisation.
- L’insuffisance de moyens humains et de rémunérations correctes des personnels ouvriers et logistiques de catégories C.
- L’insuffisance de mesures efficaces pour pallier la désaffection de l’hôpital pour des professions dites en tension.
- Des annonces de suppressions de postes dans les laboratoires qui rejoindront bientôt le site du pôle cancéro-biologie.
L'intersyndicale insiste sur le fait que cela fait dejà plusieurs mois que les conditions de travail se sont dégradées. "Les informations officieuses concernant la situation financière du CHRU, ainsi que le surcoût du désamiantage créent un climat d’inquiétude. La non remise en cause de la tarification à l’activité et les injonctions de rentabilité ont aujourd’hui des conséquences dommageables sur le management des personnels. Les restructurations des services par le biais de la mutualisation, visent à rentabiliser toujours plus, mais sur le dos des salariés", explique-t-elle.
La ministre de la Santé très attendue
Les 23 et 24 mai, 90% des personnels médicotechniques administratifs des laboratoires étaient en grève totale pour dénoncer les insuffisances des moyens de remplacement pour assurer un fonctionnement normal. D’autres laboratoires pourraient suivre.
Les personnels des blocs opératoires et des salles de réveil entendent bien faire grève le 31 mai, jour de la venue de la ministre de la Santé Marisol Touraine pour dénoncer leurs nouvelles conditions de travail qui pourraient mettre en péril la sécurité des patients, et l’intersyndicale interpellera la ministre sur les préoccupations des personnels du CHRU.