"Cette établissement ne mérite pas qu'on le traine dans la boue", s'insurge Chantal Carroger, directrice du CHRU de Besançon. Elle ajoute que "cela suffit de prendre en otage la population, de jeter le discrédit sur les professionnels de santé, d'entendre parler de machination, de complots ou de pratiques douteuses. Je vous annonce que le CHRU va déposer plainte pour diffamation".
Deux enquêtes avaient été respectivement demandées en novembre 2015 et octobre 2016 à la demande du professeur Humbert pour "dénoncer certaines pratiques" au service dermatologie du CHRU de Besançon.
"La meilleure défense, c'est l'attaque"
Philippe Humbert a été chef de service dermatologie de 1993 à octobre 2015. Chantal Carroger précise qu'il n'y a eu aucune situation particulière avant 2015. Il aurait, selon cette dernière, envoyé un courrier à l'ancien directeur prenant sa retraite : "vous pouvez être fier de votre hôpital". Il a d'ailleurs formé lui-même les personnes travaillant à ses côtés au service dermatologie. "Quand on risque une plainte pour harcèlement, on a intérêt à se défendre", s'exclame-t-elle. "Un chef de service a une responsabilité sur l'organisation dans son service" ajoute M. Limat, président de la Commission médicale d'établissement, faisant référence aux accusations de Philippe Humbert sur le "manquement aux règles" des Réunions de Concertation Pluridisciplinaires (RCP). Madame Carroger explique que les "manquements aux procédures étaient de l'ordre d'un oubli de signature sur une fiche".
M. Limat insiste : "le plus important pour les malades c'est une prise en charge correcte". Il ajoute que le rapport ne mentionne qu'il n'y a eu aucun écart de fait. Il tient à mentionner que le premier rapport concernant les RCP a conclu que certaines réunions ne correspondaient pas "totalement" mais que ce problème avait été corrigé.
17 courriers reçus contre le professeur Humbert
Selon Chantal Carroger, le directeur général de l'époque Patrick Barberousse, a reçu 17 courriers de médecins et d'internes se plaignant du comportement du professeur Humbert. "Arrêt pour dépressions graves, jusqu'à vingt messages un dimanche à toute heure du jour et la nuit, menace de ne pas soutenir pour l'obtention de diplôme, du chantage, abus de pouvoir, propos violents voire insultes, nous sommes tous victimes d'harcèlement morale par notre chef de service" lit gravement la directrice de l'hôpital. Elle poursuit "il m'a dit qu'il allait pousser la fille d'une patiente à porter plainte contre moi". M. Limat indique que le service dermatologie "a été boycotté pendant 6 mois par les internes".
"Il n'y a pas de chimiothérapies abusives"
La directrice de l'hôpital tient à rassurer les patients : "Il n'y a pas de chimio abusives". Le président de la Commission médicale d'établissement confirme ce point et ajoute :"le traitement des mélanomes n'a pas baissé entre 2015 et 2016 mais a augmenté à Besançon comme partout en France". Il précise que le CHRU de Besançon est "le seul centre en Franche-Comté à traiter les mélanomes". Par cette affirmation, Samuel Limat revient sur un point exposé par le professeur Humbert qui, selon lui, voyait un lien de cause à effet entre une chimiothérapie abusive et une chute (de la 3ème place en 2015 à la 11ème place en 2016) dans le classement des hôpitaux dans le magazine Le Point. "On ne peut pas définir la qualité d'un hôpital avec un classement", s'insurge M. Limat.
Réponse aux accusations de "conflits d'intérêts"
"L'université rémunère les professeurs d'universités", déclare le professeur Thierry Moulin, doyen, directeur de l'UFR des Sciences médicales et pharmaceutiques. Il existe "des contrôles". La directrice du CHRU ajoute que "les professeurs ne peuvent pas être payés au niveau de l'hôpital, ni être payés plus au profit qu'ils feraient des chimiothérapies".
Info +
- La directrice du CHRU de Besançon affirme qu'elle n'a pas reçu les 46 plaintes.
- La Fédération Hospitalière de France soutien le CHU de Besançon