"Ne pas avoir été sollicité pour être porteur de la flamme est une chose, ne pas m’avoir invité pour être présent lors de cet évènement en est une autre…" Lors d’un long message publié sur sa page Facebook, le boxeur bisontin s’interroge sur les raisons d’un tel oubli qu’il dit avoir vécu comme une "humiliation injustifiée".
La question est d'ailleurs légitime, comme il le rappelle lui-même, "pourquoi après 16 ans au service de ma ville de Besançon, 12 ans à la direction des sports, pourquoi cette absence de reconnaissance ?"
Des critères stricts de l'organisation
Alors à qui la faute ? Face à l’incompréhension du boxeur, l’adjoint en charge des sports de la Ville de Besançon Abdel Ghezali est très clair "on peut comprendre la déception de Khedafi Djelkhir mais il n’y a eu aucun mépris ni aucune volonté d’écarter qui que ce soit". Soumis aux critères stricts imposés par Paris 2024, la Ville de Besançon, ayant eu le droit de proposer quatre porteurs, dit s'être pliée aux règles de "parité, intergénérationnelles et de handicap".
Abdel Ghezali nous confirme que durant la phase de réflexion, Khedafi Djellkhir, "au même titre que Ghani Yalouz, Michel Vautrot ou encore Morgan Kneisky", faisait partie des candidats possibles. Mais face aux restrictions imposées par Paris 2024 la Ville de Besançon a dû faire un choix. Celui-ci s’est donc porté sur Vincent Schmitt, président de l'association sportive Entre-Temps Escalade, dont la traversée du Doubs en tyrolienne a d'ailleurs été l’un des moments forts de ce 25 juin 2024, et Michel Chapuis (83 ans) médaillé d’argent aux JO de Tokyo en 1964 en canoë biplace.
Le "manque de transparence" de Paris 2024
La Ville rappelle d’ailleurs qu’elle n’était pas en charge de l’organisation de l’événement. Cette responsabilité incombait au Département du Doubs, lui-même soumis aux critères imposés par Paris 2024 rappelle le vice-président du conseil départemental Ludovic Fagaut. Aussi, sur les six relayeurs à pourvoir, le Département a fait le choix "que la totalité du département soit représentée en fonction de nos politiques portées : SDIS, enfance, famille, handicap, sportif…". "Le choix des sportifs revenait à Paris 2024" précise l’élu qui regrette d’ailleurs que l’organisation n’ait pas été "totalement transparente sur le choix que eux, avait opéré sur les porteurs de flamme".
Ce qui explique sans doute parfois l’absence de lien entre le porteur de flamme et sa ville d’affectation : Sébastien Loeb à Pontarlier ou encore Anaïs Bescond à Besançon quand Raphaëlle Tervel à Maîche ou Khedafi Djelkhir à Besançon auraient sans doute apporté une touche plus "locale". En ayant connaissance de ces éléments plus tôt, "on aurait peut-être pu agir autrement" ajoute Ludovic Fagaut.
Et la haie d’honneur ?
Alors pourquoi pas une présence dans la haie d’honneur composé de "24 personnalités du Doubs incarnant les valeurs, les talents et l’engagement des habitants de notre département" comme le précisait le Département dans son communiqué du 21 juin 2024. "Le cahier des charges de Paris 2024 était que ce n’était pas forcément des sportifs" répond Ludovic Fagaut. Mais des sportifs, il y en avait pourtant bien quelques-uns comme en attestent les présences de Mickael Isabey ou encore Michel Vautrot. "Il va de soi que Khedafi avait toute sa place mais nous n’en portons pas la responsabilité" précise l’élu qui rejette la faute sur la Ville de Besançon estimant qu’en tant qu’employé municipal au service des sports de "sa" ville durant 12 ans, la municipalité avait "tout loisir de le valoriser en l’ayant identifié mais pas retenu pour porter la flamme". "J’en suis triste pour Khedafi que je connais par ailleurs et qui porte les vraies valeurs de l’olympisme et qui méritait comme d’autres sportifs aussi non retenus" regrette le vice-président.
"Les médailles sont toujours là"
Un bad-buzz qui fait tache, mais qui n’aura toutefois ni empêché la réussite de l'événement qui a réuni près de 40.000 personnes au total, ni réussi à gâcher la carrière "toujours ancrée et sacrée" de Khedafi Djeklhir. Bien qu'ébranlé par "cette situation humiliante et injustifiée" selon lui, le boxeur au "mental d'acier" forgé par le sport, peut se satisfaire de ses "médailles qui sont toujours là" et dont la reconnaissance perdure bien plus longtemps qu'un passage de flamme.