Alors qu'à Besançon, des étudiants s'organisent pour trouver des moyens de lutter contre l'inflation en proposant une distribution gratuite de dons alimentaires, les députés ont finalement voté non sur la question du repas à un euro pour tous les étudiants.
"Je suis déçue", avoue la députée socialiste Fatiha Keloua-Hachi, qui portait dans l'hémicycle le texte visant à ouvrir à tous les étudiants l'accès à un repas à un euro. "À une voix près, le repas universel à un euro était inscrit dans la loi, mais c'est surtout les étudiants qui vont être déçus aujourd'hui", a déploré la socialiste, dont le groupe tenait jeudi 9 février sa niche parlementaire. L'Assemblée a rejeté la proposition de loi d'extrême justesse, puisqu'une seule voix a manqué pour son adoption. Le camp présidentiel, hostile à cette mesure, a battu in extremis le rappel des troupes pour le vote final. Sept députés LR ont également voté contre (quatre se sont abstenus).
L'accès à des repas à un euro est en ce moment réservé dans les restaurants universitaires aux étudiants boursiers ou en situation de précarité. "Les députés Renaissance et LR ont rejeté notre proposition pour […] le repas à un euro pour tous les étudiants. Pour que tous les étudiants puissent manger à leur faim. Le combat continue", a réagi dans un tweet le président du groupe Boris Vallaud. Le texte soutenu par toute la gauche, avait aussi reçu l'appui des députés du Rassemblement national.
Une mesure jugée "injuste" par les députés macronistes
Des premiers votes victorieux sur des amendements laissaient entrevoir une possible victoire socialiste, avant que le camp présidentiel ne mobilise des députés pour le vote final. Les députés macronistes ont combattu une mesure jugée "injuste", insistant sur le fait qu'elle aurait bénéficié aussi à des étudiants de milieux aisés. La députée Anne Brugnera (Renaissance) a épinglé une mesure "démagogique". "Grâce à vous, les enfants de votre ami Bernard Arnault pourront aller au Crous et ne payer qu'un euro", a renchéri son collègue Sylvain Maillard.
Alexandre Portier (LR) avait plaidé de son côté pour qu'un accès au tarif de 1 euro soit conditionné à un engagement de "travailler deux heures par semaine au service d'une collectivité locale". La ministre de l'Enseignement supérieur Sylvie Retailleau a plaidé contre la mesure, dont elle a estimé le coût à au moins "90 millions d'euros". Elle a souligné l'existence de tarifications sociales des repas pour "les étudiants en difficulté".
Les députés du Doubs ont eux aussi voté "contre"
Interpellé sur son choix de vote sur Twitter, le député de la première circonscription du Doubs Laurent Croizier, s'est justifié en avançant qu'une "universalité du tarif à 1€ n'a pas de sens". Le député a ajouté préférer aider "ceux qui en ont besoin".
J'ai défendu l’inscription dans la loi d'une tarification sociale des repas des étudiants précaires (1€), qu’ils soient boursiers ou non. L'universalité du tarif à 1€ n'a pas de sens. Aidons ceux qui en ont besoin !https://t.co/Zpb8OsNwLq
— Laurent Croizier (@CroizierLaurent) February 9, 2023
Fo appelle les étudiants à "se révolter"
L’Union Départementale FO du Doubs déplore ce vote et "condamne fermement ces comportements ignobles" dans un communiqué, "mais quelle honte de voir cette horde de députés applaudir et se réjouir du vote du rejet de cette une loi qui va engendrer la faim et la misère parmi les étudiants."
Le syndicat appelle tous les étudiants à "se révolter contre ces ignominies" et à le rejoindre "dans la lutte et notamment celle de la réforme des retraites !"
Info +
- Le repas à 1 euro avait été provisoirement élargi à tous les étudiants en 2021, pendant la pandémie de Covid-19.
(avec AFP)