Huit ans après le début de l'instruction ouverte le 7 février 2017, Frédéric Péchier, 52 ans, "est renvoyé devant la cour d'assises du Doubs des chefs de 30 empoisonnements aggravés, au préjudice de patients opérés dans deux établissements de santé privés de Besançon, la clinique Saint-Vincent et la Polyclinique de Franche-Comté, entre le 10 octobre 2008 et le 20 janvier 2017", ont indiqué à l'AFP dans un communiqué conjoint la première présidente Marie-Bénédicte Maizy et la procureure générale Marie-Christine Tarrare. "Monsieur Frédéric Péchier est accusé d'avoir causé volontairement la mort de 12 de ces patients", ajoutent-elles.
Placé sous contrôle judiciaire depuis le début de l'affaire, Frédéric Péchier, qui a toujours farouchement contesté ces accusations, comparaîtra libre. Il sera défendu par les avocats Randall Schwerdorffer, Lee Takhedmit et Samuel Estève.
La défense n'a eu de cesse de dénoncer "une instruction à charge", estimant que les juges "sont partis du principe que Péchier était coupable avant même d'avoir ouvert le dossier". L'ex-anesthésiste aborde son futur procès de manière "combative", selon Me Schwerdorffer.
68 parties civiles
Quelques 68 parties civiles seront représentés, dont le syndicat des anesthésistes Snarf. Frédéric Péchier est soupçonné d'avoir pollué les poches de perfusion de patients dans deux cliniques privées de Besançon pour provoquer des arrêts cardiaques puis démontrer ses talents de réanimateur, mais aussi pour discréditer des collègues avec lesquels il était en conflit.
L'affaire avait débuté en 2017 lorsqu'une anesthésiste d'une clinique de Besançon avait donné l'alerte après trois arrêts cardiaques inexpliqués de
patients en pleine opération. En 2021, Frédéric Péchier avait tenté de mettre fin à ses jours en se défenestrant du premier étage de la maison de ses parents, à Poitiers, où il vit dans l'attente de son procès.
Lors du renvoi de l'ancien anesthésiste star de la capitale comtoise, le procureur de Besançon, Etienne Manteaux avait souligné l'ampleur de ce dossier "sans précédent" dans les annales de la justice française.
(AFP)