La peine de réclusion criminelle a été prolongée de 10 ans de suivi sociojudiciaire par la cour, qui a suivi les réquisitions de l’avocate générale au terme au terme de trois jours d’audience à Besançon.
L’accusé, un homme psychologiquement fragile originaire de Mulhouse, dans le Haut-Rhin, comparaissait pour «tentative de meurtre au préjudice d’une personne chargée d’une mission de service public» à l’encontre de Bernard Mortellier et de menaces de mort contre son collègue Thierry Hemet.
L’agression du contrôleur avait provoqué d’importantes perturbations sur tout le réseau SNCF pendant les deux jours qui suivirent, de nombreux collègues de la victime ayant exercé leur droit de retrait. Maître Dreyfus s’est souvenu les propos du président de la SNCF Guillaume Pepy au moment des faits : «la SNCF est émue, je suis ému car quand un contrôleur de la SNCF est agressé, c’est toute la SNCF qui est agressée».
Les experts ont estimé que le discernement de Yassine Moumed était alteré, mais pas aboli lors de l’agression. Lui affirme qu’il ne se souvient de rien, mais admet avoir commis l’agression aux vues des éléments de l’enquête.
"Vous jugez un malade"
Le 6 octobre 2011, Yassine Moumed avait refusé de présenter son titre de transport aux deux contrôleurs SNCF du train Corail Lyon-Strasbourg qui le lui demandaient, entre Besançon et Clerval, avant de les menacer de mort et de se scarifier avec un couteau. L’un des contrôleurs, Thierry Hemet, était alors allé préparer un procès-verbal pendant que son collègue, Bernard Mortellier, allait chercher la trousse de secours pour appliquer les premiers soins au blessé. Yassine Moumed avait suivi Bernard Mortellier, 56 ans, et lui avait porté onze coups de couteau, dont deux dans des parties vitales.
Touché au niveau du visage et du thorax, le contrôleur avait néanmoins réussi à repousser son agresseur dans un compartiment et à fermer la porte. Il avait été transporté dans un état grave au CHRU de Besançon, échappant à la mort.
L’avocat de Moumed, Maître Jérôme Pichoff, a mis en avant les troubles psychologiques de son client, déjà condamné plusieurs fois pour des faits de violence sans arme, et hospitalisé à quatre reprises suite à des scarifications. «Vous jugez quelqu’un qui ne se souvient pas ce qui s’est passé. Vous jugez un malade, qui à vocation à être dans à l’hôpital et non pas en prison», a plaidé Pichoff pour qui «la prison c’est l’école du crime, pas l’école de la thérapie».
L’avocate générale a pour sa part souligné la dangerosité de l’accusé sur «le plan psychiatrique et social», faisant valoir qu’il s'agissait des "faits les plus graves commis au cours des dernières années s’agissait au préjudice d’un contrôleur de la SNCF dans l’exercice de ses fonctions».
(Source : AFP)