S'adressant directement à lui, l'adolescente l'a pressé d'un flot de questions sur un ton offensif pour qu'il révèle enfin dans quelles circonstances il a donné la mort à la fillette de huit ans, disparue lors d'un mariage à Pont-de-Beauvoisin (Isère) en août 2017.
"Quels ont été ses derniers mots ?", "regardez-moi dans les yeux", "en fait c'est vous le déchet", lui lance-t-elle sur un débit de mitraillette. "Vous avez eu plein d'occasions de dire la vérité, vous n'avez pensé qu'à vous", lui lance-t-elle.
"Ayez ce courage et cette dignité comme j'ai moi de vous parler", poursuit-elle ensuite en le fusillant du regard, réclamant avec insistance qu'il réponde à deux questions en particulier. "Avez-vous violé ma soeur? " et "qu'est-ce qui vous empêchait de dire où était ma soeur pendant des mois ?" alors que le corps n'avait pas encore été retrouvé.
"Non, je n'ai pas violé votre soeur", répond l'accusé, avant de tenter un faible "Je m'expliquerai" à la seconde question.
"Moi je vous demande les réponses maintenant !", réplique la jeune fille avec détermination. Elle n'aura pas gain de cause, l'accusé, visiblement embarrassé, se murant à nouveau dans le silence.
"Papa perdu en mer"
Témoignant juste avant leur fille aînée au procès de l'ancien maître-chien militaire de 38 ans, le père et la mère de Maëlys avaient décrit le naufrage de leur existence après sa disparition.
Aujourd'hui divorcés, ils avaient dépeint l'"héroïne", le "petit ange, guerrier de lumière" qui a "mis un dangereux criminel en prison". "Je n'ai pas su te protéger des méchants, je n'ai pas tenu la promesse que je t'ai faite", a lancé sa mère, Jennifer Cleyet-Marrel, s'adressant à un portrait de la fillette posé devant elle.
"J'aurai cette culpabilité en moi jusqu'à la fin de ma vie", dit-elle, avant de faire projeter à la cour un long diaporama de photos où la fillette apparaît heureuse, sur fond musical.
Son père Joachim, se décrit de son côté comme un "papa perdu en mer (...) qui tente de sortir la tête de l'eau" et victime du "mauvais sort". Il a perdu "25 kilos" depuis le drame, témoigne un ami d'enfance.
"Des mots sur les actes"
De nouveau confronté lundi matin à des vidéos d'agressions sexuelles de petites-cousines qu'il a reconnu avoir commises et filmées, Nordahl Lelandais a admis pour la première fois avoir éprouvé des penchants "pédophiles", tout en niant avoir ressenti ces pulsions pour la jeune Maëlys.
Il est accusé d'avoir agressé deux fillettes, âgées à l'époque de 4 ans et 6 ans, à l'été 2017, peu avant la disparition de Maëlys à la fin août de la même année. Ces actes avaient été découverts pendant l'enquête sur la disparition de Maëlys lorsque les enquêteurs avaient mis la main sur des vidéos des attouchements filmées par téléphone.
"Qu'est-ce que c'est ? Quel est le terme générique pour cela ?", l'interroge lors de l'audience Me Yves Crespin, l'avocat de deux associations d'aide à l'enfance après la projection devant la cour des vidéos très crues de ces actes, qui ont bouleversé l'assistance.
"De la pédophilie", concède l'accusé.
"Il fallait que les mots soient posés sur les actes. Je crois que c'est la première fois qu'il admet ce penchant pédophile. (...) Peut-être que ça lui permettra d'aller un peu plus loin dans la connaissance que nous avons des faits", a relevé Me Crespin.
"J'aurais tellement voulu la protéger, qu'il ne lui arrive jamais ça", avait auparavant déploré à la barre la mère de l'une des deux petites-cousines. Ces images "vont me hanter", a-t-elle ajouté en pleurant.
Déjà condamné à Chambéry en mai 2021 à 20 ans de réclusion pour le meurtre du jeune soldat Arthur Noyer, l'accusé n'a pas fait appel. Il encourt la réclusion criminelle à perpétuité pour le meurtre de Maëlys. Le verdict est attendu autour du 18 février.