Les questions financières et la réduction des subventions néfastes à la nature ont été au cœur de négociations internationales qui ont pris fin mardi à Genève, en amont de la COP15 biodiversité en Chine.
Nick Robins a participé à un rapport publié récemment par le réseau de banques centrales NGFS (Network of Central Banks and Supervisors for Greening the Financial System).
Quel est l'impact potentiel de la perte de biodiversité sur les économies ?
"La perte de biodiversité menace la stabilité financière. Les gens commencent à réaliser que la perte de biodiversité et la dégradation de la nature est un problème important en tant que tel, mais aussi profondément interconnecté au changement climatique.
Il est important de commencer à réfléchir à la façon dont ces deux menaces convergent, ne fût-ce que parce certains des facteurs sont les mêmes - changement d'usage des terres et déforestation - mais aussi parce que des écosystèmes sains sont vraiment importants pour être résilients face aux chocs."
En quoi les banques centrales et les institutions financières devraient-elles changer leur approche ?
"Pour les banques centrales, l'approche est la prudence. Être prudent signifie examiner les éléments probants et agir suffisamment à temps pour ne pas être confrontés à des risques irréversibles, que vous ne pouvez pas gérer.
Nous devons investir dans le climat et la nature, sans quoi, à un certain point, les services rendus par les écosystèmes seront perturbés. L'idée clé est que nous sapons la base des ressources de notre prospérité. De nombreuses personnes partent du principe que les sols, l'eau potable, les océans sont inépuisables, mais (...) ils dépendent de la protection de la biodiversité".
Quels sont les problèmes structurels du système financier qui détruisent la nature ?
"Une série d'échecs systémiques - politique, des marchés, des institutions - conduit à cette dégradation. Avec le changement climatique et les problèmes environnementaux, nous devons nous assurer que les produits que nous achetons sur des marchés sont basés sur un usage durable de la nature, avec des prix reflétant la réalité écologique.
Le Produit intérieur brut (PIB) n'est pas toujours une mesure utile car il n'est pas enraciné dans les réalités physiques de notre planète."
Qu'est-ce que regardent les institutions financières dans le processus de l'ONU pour un nouvel accord protégeant la biodiversité ?
"Le sujet monte en terme politique, scientifique, de conservation et nous espérons tous que cette année, un grand pas sera fait concernant la réponse des gouvernements avec ce cadre mondial pour la biodiversité. Tout cela fait de la biodiversité une question financière prioritaire.
Nous avons un texte de négociations, avec différents objectifs, dont l'un souligne la nécessité d'aligner les flux financiers avec ce qu'ils appellent les valeurs de la biodiversité. (...) Nous avons aussi besoin que les entreprises et le secteur financier mesurent, rendent compte et communiquent leurs impacts et leur dépendance à la biodiversité.
Un troisième point concerne les impacts. Comment s'assurer que les institutions financières allouent du capital, des prêts, investissent en ayant un impact positif? Nous devons aussi nous assurer que les institutions financières réduisent leurs impacts négatifs sur la biodiversité."
Qu'ont appris les banques centrales de l'analyse des risques climatiques ?
L'engagement du réseau de banques centrales NGFS de faire face aux risques financiers liés à la nature est historique.
Avec le travail effectué ces cinq dernières années sur les risques climatiques, je pense que la réponse du système financier à la perte de biodiversité peut être plus rapide.
La biodiversité est clairement une question très compliquée. Mais nous avons une boîte à outils, nous ne partons pas de rien.
(AFP)