"Ce lieu de mémoire des luttes sociales montre l’aliénation des travailleurs. La lutte contre le capital et le patronat va continuer". Cette phrase, prononcée par Aline Chassagne, n'est pas passée inaperçue à Besançon. Ludovic Fagaut, chef de file de l'opposition, a interpellé l'adjointe sur le sujet : "Le message envoyé terrible pour les acteurs de la vie économique à Besançon et dans notre communauté urbaine (...) Nous restons stupéfaits et inquiets devant un tel anticapitalisme primaire (...) Mme Chassagne n'est pas censée ignorer qu'en 2020 ce sont les chefs d'entreprises, les artisans, les commerçants qui sont les acteurs majeurs de la vie économique de notre territoire", s'insurge-t-il tout en appelant les membres de la majorité municipale à se désolidariser des propos tenus par l'élue.
Même incompréhension du côté du MoDem du Doubs : "Comment en 2020 peut-on encore verser dans cette idéologie d’affrontement entre salariés et dirigeants d’entreprise ? En cette période, les Bisontins affrontent, avec difficulté et courage, la crise économique durant laquelle un nombre conséquent d'entreprises et d'emplois pourraient disparaître". Laurent Croizier, Président du MoDem du Doubs propose ainsi "d'engager à Besançon, la lutte pour l’économie et l’emploi plutôt que la lutte des classes".
Le régionaliste Jean-Philippe Allenbach, a quant à lui rappelé le document qu'il avait placardé sur sa permanence :"Ils pensaient voter vert, ils ont voté rouge !". Pour ce dernier, les communistes bisontins "affichent ouvertement et sans état d’âme" et "sous la bannière d’Anne Vignot, une ligne qui rappelle le temps des Georges Marchais, Jacques Duclos, Henri Krasucki et consorts".
Le monde économique local "en colère"
Les organisations consulaires, patronales et professionnelles ont souhaité exprimer leur colère dans un communiqué commun (CCI du Doubs, Chambre des Métiers et de l'Artisanat de Bourgogne Franche-Comté, le MEDEF Territoire Franc-Comtois, l'Union des entreprises de proximité, l'UIMM du Doubs, la Federation du BTP du Doubs et enfin, la CPME 25). Selon eux, cette déclaration est "un très mauvais signe adressé aux entreprises, dirigeants et salariés", expliquent-ils tout en condamnant des "propos politiques malvenus". Ils s’interrogent sur la cohérence d’ensemble entre ces déclarations et prises de position et les annonces diverses et récentes des Pouvoirs publics, "mobilisant des moyens financiers conséquents pour des plans de relance, plans de rebond et plan d’accélération des investissements".
Lors du dernier conseil municipal du 9 octobre 2020, l'adjointe à la culture a répondu à ses détracteurs :
"Ces mots que vous m'attribuez ne sont pas de moi puisqu'ils renvoient aux propos de Georges Maurivard, filmé par Chris Marker en 1967 dans le cadre d'une grève de cinq semaines. Il faut vraiment recontextualiser d'un point de vue historique. C'est ce qui précédait ma fin "À bientôt j'espère". Ces paroles ont été reprises sur la banderole qui est maintenant plantée au-dessus du bâtiment de la Rhodiaceta (...) j'ai ensuite pu m'exprimer sur le salariat et je pense que vous n'avez pas pris le temps d'écouter jusqu'au bout le propos".
- Regardez la réponse d'Aline Chassage à 1h24
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- "À bientôt j'espère" fait référence au titre du film de Chris Marker, réalisé durant la grève de mars 1967 au cœur des établissements Rhodiacéta. Elle a été prononcée par Georges Maurivard, animateur de la grande grève de la Rhodia qui préfigura le mouvement de mai 68. Dans la bouche du militant, elle signifiait un "au revoir les patrons" et "à bientôt j’espère. "