"On a été mis à mort alors qu'on avait du boulot, on est dégoûtés", a réagi Saverio Vadala, représentant de l'intersyndicale CGT-CFDT-Sud de l'entreprise. Le jugement du tribunal de commerce entraînera la suppression des 270 postes en CDI et "met au total 300 emplois sur le carreau", selon le syndicaliste, en ajoutant intérimaires et CDD.
Créée dans l'immédiat après-guerre, la fonderie MBF Aluminium, qui fabrique carters de moteurs et pièces de boîte de vitesse, avait été placée en redressement judiciaire début novembre, faute de pouvoir rembourser ses dettes.
Sa direction, représentant les actionnaires - le britannique CMV et un entrepreneur italien -, avait été écartée par le tribunal de commerce durant le redressement, avec nomination d'un administrateur judiciaire.
Mardi, le tribunal n'a pas retenu l'unique offre de reprise, portée par l'entrepreneur français Michaël Azoulay.
Selon un observateur du dossier, ce projet qui prévoyait la reprise d'un peu plus de 200 salariés a été jugé insuffisant en termes de garanties financières et il a été fragilisé par l'absence d'engagements de commandes des principaux clients de l'entreprise, Renault et PSA (Stellantis).
Les syndicats dénoncent la "passivité" de ceux-ci et de l'Etat, dont ils espéraient une aide au sauvetage de plusieurs millions d'euros. "L'État nous a condamnés", estime Nail Yalcin, délégué CGT. Le syndicaliste a annoncé la liquidation, en larmes, à une trentaine de salariés qui s'étaient déplacés à Dijon. Ils ont alors manifesté leur colère en renversant un véhicule sur une voie de tramway avant d'y mettre le feu, rapidement éteint par les pompiers selon la police.
"Une catastrophe industrielle"
En "faisant la sourde oreille", l'Etat se rend "complice de la fermeture des fonderies" en France, a renchéri M. Vadala, représentant la CFDT.
La présidente sortante (PS) de la région Bourgogne-Franche-Comté, candidate à sa réélection, a dénoncé une "catastrophe industrielle pour tout le bassin de Saint-Claude" dans un communiqué.
Marie-Guite Dufay estime que la Région était allé jusqu'à se désolidariser de Bercy et accorder 1,8 million d'euros d’aide à l’investissement matériel au seul repreneur, ainsi qu’une entrée au capital de la nouvelle structure.
Vendredi, le gouvernement avait signé, avec l'industrie automobile, la création d'un "fonds d'accompagnement et de reconversion des salariés de la filière automobile". Doté de 50 millions d'euros financés par Renault et PSA-Stellantis, il est destiné principalement à la reconversion des employés de sous-traitants en redressement ou en liquidation judiciaire.
(Avec AFP)