"C'est un mot d'ordre lourd de conséquences, mais on n'en peut plus", a lancé Sylvain Crucerey, président de la FDSEA Haute-Saône devant une cinquantaine d'agriculteurs réunis ce mercredi 3 août dans une exploitation de Vallerois-le-Bois. "Puisqu'on a plus de valeur ajoutée, on ne va plus payer la TVA", a-t-il expliqué, appelant les agriculteurs à mettre ainsi la pression sur le gouvernement.
"Pour sauver les banques, l'État a effacé des dettes. Aujourd'hui si l'État veut sauver l'agriculture, il faut prendre son courage à deux mains et effacer les dettes d'un certain nombre d'agriculteurs." Pour Jean-François Bassinet, éleveur à Beaumotte-Aubertans, si l'idée se tient, elle pose le problème de la relation avec les fournisseurs: "Ils sont conciliants aujourd'hui, alors qu'on n'arrive déjà plus à payer les factures, même hors taxes, et c'est eux qui vont devoir être intermédiaires." "On l'expliquera à nos fournisseurs", réagit Julien di San Antonio, du Groupement agricole d'exploitation en commun (Gaec) qui accueille la réunion. "Mais on va le faire pour faire réagir l'État".
Particulièrement touchés par la météo défavorable - avec des baisses de rendements pouvant dépasser les 50% pour les céréales - à laquelle s'ajoutent un prix du lait en baisse - à 262 euros les 1.000 litres sur les six prochains mois - et des bovins vendus "un euro le kilo en moins de ce qu'il faudrait pour entrer dans nos frais", selon M. Crucey, les agriculteurs de Haute-Saône espèrent "faire tache d'huile" avec cet appel.
A l'échelle nationale, le président des Jeunes Agriculteurs a déjà prévenu que son organisation soutiendrait le mot d'ordre. "Nous en voulons beaucoup aux industriels (...) mais l'État doit aussi montrer la voie. Tout n'a pas été fait pour rééquilibrer les tarifs", estime Jérémy Decerle.