Juteux braquage en Suisse : les lourds casiers des accusés détaillés à l'ouverture du procès

Publié le 23/01/2024 - 10:50
Mis à jour le 23/01/2024 - 10:50

Le procès du braquage d'un convoi de fonds en Suisse en 2017, avec un butin record de 40 millions de francs suisses, a débuté lundi 22 janvier 2024 à Lyon par la présentation des casiers fournis des accusés, dont trois, en fuite, sont jugés en leur absence.

 © D Poirier
© D Poirier

Agés de 39 à 54 ans et originaires pour la plupart de la banlieue lyonnaise, les six hommes sont jugés par la cour d'assises du Rhône, notamment pour "vol en bande organisée avec arme" et "enlèvement et séquestration".

Ils avaient tous été arrêtés le 24 mai 2017 dans une villa de Haute-Savoie en possession de billets de banque de différentes devises entassés dans des sacs, de quatre lingots d'or, ainsi que de plusieurs milliers de pierres précieuses, pour une valeur totale évaluée à 42,3 millions d'euros au cours actuel.

Quatre heures plus tôt, des hommes se faisant passer pour des policiers, équipés de brassards, avaient attaqué un transport de fonds entre Genève et Lausanne. Sous la menace de fusils d'assaut, les convoyeurs avaient été ligotés, puis emmenés dans les coffres de deux voitures.

Au fil de l'audience, face à des accusés taiseux, des expertes en enquête de personnalité et le président de la cour Eric Chalbos ont déroulé de longues listes de condamnations, notamment pour détention d'armes et des faits liés au trafic de stupéfiants.

Mais les trois absents, soupçonnés d'avoir coordonné leur fuite après leur remise en liberté sous contrôle judiciaire, sont les seuls à avoir été condamnés pour des faits similaires à ceux qui vont être jugés.

"Juste hauteur"

Deux des accusés présents reconnaissent avoir participé au braquage et à sa préparation. L'un d'eux n'a qu'une condamnation à son casier, pour le port d'un cutter à 18 ans. L'enjeu du procès est qu'il soit "condamné à la juste hauteur de ce qu’il a fait, c'est-à-dire pas grand-chose par rapport aux autres", a défendu devant la presse son avocat, Me Cédric Trabal.

Avant les faits, il était assistant de vie auprès d'un enfant lourdement handicapé, tout comme le troisième homme présent à Lyon lundi, qui lui minimise son rôle. Arrêté au volant d'une fourgonnette avec une grande part du butin au sortir de la villa qui servait de base arrière au groupe, il nie sa participation à l'attaque elle-même.

Condamné à de nombreuses reprises depuis 1991, notamment pour des affaires de stupéfiants, il n'a "jamais été condamné pour braquage", a souligné son avocat Me Laurent Bizien devant la cour.

Le procès a été reporté à deux reprises: en 2021 parce qu'un accusé avait contracté le Covid et il y a un an à cause de l'absence de la moitié d'entre eux. La cour avait alors estimé "nécessaire de juger les six accusés ensemble".

Malgré l'émission d'un mandat d'arrêt, les trois qui se sont dérobés au contrôle judiciaire n'ont pas été localisés et la justice s'est résignée à les juger en leur absence.

Tuyau

Cette affaire s'inscrit dans une série d'attaques spectaculaires de convoyeurs de fonds, imputées au banditisme lyonnais et perpétrées en Suisse. Au cours des huit dernières années, au moins huit braquages ou tentatives ont été commis dans différents cantons suisses.

Dans ce cas, un renseignement sur deux membres de la bande avait conduit à l'ouverture d'une enquête préliminaire dès l'été 2016. Les recoupements menés par la police judiciaire de Lyon avaient permis de localiser une villa de Chavanod, près d'Annecy, comme base potentielle de repli et de les arrêter rapidement après le braquage.

Outre le butin, plusieurs armes avaient été retrouvées sur place, dont cinq fusils d'assaut et des brassards, des perruques et des cagoules utilisées pour l'attaque. Des empreintes d'ADN de plusieurs suspects avaient été relevées sur ces accessoires.

Les réquisitions sont attendues jeudi et le verdict vendredi. Les cinq accusés qui se trouvent en situation de récidive encourent la perpétuité, le sixième entre 20 et 30 ans de réclusion criminelle.

Lors de leur arrestation, ils étaient en compagnie du propriétaire de la villa, qui s'est suicidé en prison à l'été 2018.

(Source AFP)

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