Les débats politiques du moment discutent le statut et le rôle des députés, et la confiance qu'ils inspirent aux citoyens. L'actualité y contribue plus que jamais avec notamment le vote de la loi sur la moralisation de la vie politique, effectué ce mercredi 9 août. La loi a été largement adoptée, à 412 voix pour et 74 contre.
C'est dans ce contexte de remise en question des parlementaires que Fannette Charvier, députée En Marche de la première circonscription du Doubs, a bien voulu répondre aux questions de la rédaction. Elle a en effet débuté en tant qu'élue durant ce mois de juin 2017. Retour avec elle sur ses premiers pas à L'Assemblée Nationale et sur la façon dont elle appréhende ses nouvelles reponsabilités...
maCommune.info : L'Assemblée Nationale vous a-t-elle bien accueillie ?
Fannette Charvier : "Nous avons tous été très bien reçu. Je souhaite souligner le travail des fonctionnaires qui étaient très disponibles malgré de nombreuses questions de notre part, parfois peut-être un peu naïves.
Avec les autres groupes de députés, c'est déjà plus spécial. Dans l'hémicycle, c'est un vrai spectacle et je le déplore. Les postures sont prises, il y a des bizutages, on s'invective... Alors que dans les couloirs, en dehors des caméras, il y a de la place pour échanger sur le fond, sur les idées. D'ailleurs, on est souvent d'accord sur les problèmes, même si on n'a pas forcément la même vision des solutions. Après, il faut tout de même faire sa place au milieu de tout ça."
Vous sentez-vous comme un membre à part entière du groupe ou êtes-vous plutôt engloutie par les positions du groupe ?
"Il faut savoir que les positions du groupe En Marche sont les nôtres - et les miennes ! Il n'y a pas de directives qui ne soient pas discutées. Tout est dans le débat et dans l'art d'amener les choses. On parle, on échange et c'est comme ça qu'on trouve des solutions. Le nouveau paysage de l'Assemblée, plus jeune et aussi plus féminin, participe à cette remise en question constante. D'ailleurs, cette évolution prend tout son sens lorsqu'on observe les réformes de l'Assemblée voulues par son président, François de Rugy…"
Par quoi avez-vous été le plus surpris en arrivant à l'Assemblée ?
"Je n'ai pas vraiment eu de surprise… A part peut-être que j'ignorais le travail fait en commission, qui est pourtant indispensable. L'essentiel des débats, des idées et du travail en amont y est fait. On y dépose même les amendements.
Derrière, à l'Assemblée, ce n'est presque que du spectacle. Tout n'est pas vraiment déjà joué mais les commissions ont travaillé très dur sur le sujet… Quel autre député peut prétendre en savoir plus ? Si un amendement a été rejeté, c'est qu'il y avait une bonne raison. C'est d'ailleurs un vrai challenge, faire connaître le travail des commissions, méconnu du grand public. (NDLR : Fannette Charvier est membre de de la commission des affaires culturelles et de l'éducation). Et aussi donner moins d'importance au théâtre qui se déroule à l'hémicycle, parfois navrant".
Arrivez-vous à concilier le travail entre Paris et le département ?
"Pour l'instant, pas vraiment. Avec les sessions extraordinaires et les procédures accélérées, mon emploi du temps sur Paris était surchargé. Cela pouvait débuter le lundi en début d'après-midi et finir le jeudi à 3h du matin. Ajoutez à cela les temps de transport entre la région et la capitale...
De plus, je n'ai pas encore trouvé mes collaborateurs sur Besançon, ni ma permanence. Je suis en recherche active mais cela prend du temps. Ils me permettraient par exemple de pouvoir m'occuper des nombreuses sollicitations que je reçois, auxquelles je n'ai pas encore pu répondre – et je m'en excuse".
Comment appréhendez-vous vos responsabilités ?
"Je considère avoir un devoir envers les gens qui m'ont élue, mais aussi ceux qui ne l'ont pas fait. Même si j'exerce d'abord dans une circonscription, je suis un élu de la Nation. Je vais donc essayer de ne pas prendre parti malgré mon attachement à la région. Si par exemple quelqu'un que je connais m'amène un dossier, je ne le traiterai pas en priorité. Le favoritisme doit disparaître.
Dans le même contexte, la déontologie de l'Assemblée Nationale veut que l'on déclare les cadeaux de plus de 150 euros. J'ai pourtant pour principe de n'accepter aucun cadeau. Je ne suis pas là pour percevoir en plus de mon travail des avantages, même si c'est une discipline toute personnelle.
Là aussi, on peut voir l'évolution que traverse l'Assemblée Nationale. Les nouveaux députés peuvent incarner un courant plus vertueux que ce que l'on connaissait jusqu'alors. Ce sont ces changements qui permettront d'assainir les relations entre élus et citoyens".