L'accusé, qui "hasard du calendrier" a 39 ans ce vendredi, a eu une dernière opportunité de s'exprimer à l'ouverture de l'audience, à 9h, au palais de justice de Grenoble. Il purge actuellement vingt ans de prison pour le meurtre d'un jeune soldat, qu'il avait rencontré par hasard en avril 2017.
Jeudi, le ministère public a réclamé la peine maximale à son encontre, une condamnation à perpétuité assortie d'une peine de sûreté de 22 ans, tandis que sa défense s'est efforcée de convaincre les jurés de limiter la sentence à trente ans de réclusion pour le meurtre de Maëlys.
L'accusé est un "danger social absolu", a estimé l'avocat général Jacques Dallest dans son réquisitoire, en appelant ceux qui le jugent à le déclarer "grand criminel, grand prédateur". "Même sévère, le propre de la justice est de rester humaine", a pour sa part plaidé l'avocat de la défense, Me Alain Jakubowicz. "30 ans de prison, enfermé, c'est ce qu'il mérite clairement et il le sait".
"On ne fixe pas une peine à l'aune de la douleur des victimes. A douleur infinie, peine infinie. Non, mille fois non !", a-t-il lancé.
Après sa plaidoirie, Me Jakubowicz s'est exprimé pour la première fois devant les caméras depuis le début du procès, en se félicitant qu'il ait pu être préservé "du tumulte extérieur" malgré sa forte médiatisation.
Plus de 250 journalistes ont été accrédités pour les débats, une affluence considérable pour ce type d'affaire. Chaque jour, une foule se bouscule aux portes du palais de justice de Grenoble, patientant souvent de longues heures pour tenter d'assister aux audiences de ce que certains considèrent comme le "procès du siècle".
"Détruit une vie"
Nordahl Lelandais est jugé pour l'enlèvement et le meurtre de Maëlys De Araujo, lors d'une soirée de mariage, ainsi que pour des agressions sexuelles contre deux petites-cousines de 4 et 6 ans, au cours du même été 2017.
Il a reconnu tous les faits qui lui sont reprochés mais nie farouchement toute atteinte sexuelle sur sa victime. "La réprobation générale dont Nordahl Lelandais est l'objet et qui persiste, c'est peut-être autant son comportement après le crime qui lui est reproché que le crime lui-même", a estimé Me Jakubowicz dans sa plaidoirie.
Très vite ciblé par les enquêteurs après la disparition de la fillette, celui que ses amis appellent "Nono" a été poussé aux aveux six mois plus tard après la découverte d'une minuscule tache de sang dans le coffre de sa voiture. Il a alors indiqué le lieu où il avait dissimulé le corps, dans une forêt.
L'enquête a conduit à un rapprochement avec la disparition inexpliquée du caporal Arthur Noyer, en avril 2017 à Chambéry après une soirée arrosée. C'est pour ce meurtre, que l'ancien maître-chien a été condamné en mai 2021 à vingt ans de réclusion criminelle.
Depuis le début du procès consacré à la mort de Maelys, Nordahl Lelandais a livré des versions fluctuantes sur la disparition de la fillette, variant notamment sur les circonstances de l'enlèvement de sa victime.
Il a fini par reconnaître l'avoir tué "volontairement" en la frappant violemment au visage, quelques minutes après l'avoir emmenée de la salle des fêtes où il l'avait rencontrée peu auparavant.
Il a justifié cette flambée soudaine de violence en évoquant un accès de panique, une "hallucination", expliquant avoir vu le visage d'Arthur Noyer sur celui de la fillette. "Vous avez détruit une vie en avril 2017, vous avez détruit une vie en août 2017, vous avez semé le désespoir, la souffrance éternelle chez ces familles, vous êtes un destructeur de bonheur", lui a lancé l'avocat général en le décrivant comme un homme "sans émotions".
Les avocats des parties civiles ont pour leur part estimé la réquisition "juste" et conforme aux attentes de leurs clients, étant donnée la "dangerosité criminelle" de Lelandais.
(AFP)