Des habitants du quartier, une famille effondrée, des amis. Une marche a réuni plus de 350 personnes lundi soir à Planoise au lendemain du meurtre d'un jeune homme de 17 ans. Le cortège s'est rendu dans le calme jusqu'au parking où le jeune albanais a été tué.
Là, son ancienne enseignante de Français a tenu à lui rendre hommage en parlant d'un poème de Guillaume Apollinaire que Lermirant avait étudié alors qu'il venait d'arriver en France et qu'il était en 6e. "Apollinaire venait lui aussi d'un autre pays, et c'était très important pour moi de donner aux élèves qui arrivaient d'ailleurs des forces par la poésie, à ces gens qui ne savaient pas forcément très bien s'exprimer au début, de devenir de grands poètes et Lermirant l'avait compris…"
Jean-Louis Fousseret a dans un premier temps tenu à adresser ses pensées à la famille de la victime. "Je suis révolté, je suis scandalisé. la situation n'est toujours pas tenable à Planoise (...) un quartier dans lequel les habitants ont le droit de vivre en paix".
Appel à ne pas instrumentaliser
Le maire LREM de Besançon a salué le travail des forces de l'ordre et estime que le regain de violences est lié au démantèlement des réseaux et des points de deal. "J'ai le sentiment, suite au travail important de la police, que l'on assiste à une guerre des clans pour s'approprier des territoires. (...) Planoise a besoin de renforts. je fais une totale confiance en la police et la justice, mais durant cette période difficile, je demande à ce que l'on n’instrumentalise pas la situation... "
"Cette situation n’est plus tenable. Les familles du quartier ont peur pour leurs enfants, dans un contexte où la peur liée à la crise du coronavirus est déjà forte."Fannette Charvier
La députée LREM du Doubs, Fanette Charvier, a de son côté écrit au ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, pour réclamer des "mesures pérennes et globales" afin de "lutter efficacement contre la mainmise des trafiquants dedrogue et de garantir la sérénité du quartier au quotidien (...) L’État doit pouvoir apporter une réponse républicaine aux problèmes de délinquance du quartier. Sans cela, c’est l’engrenage infernal : perte de confiance en l’Etat, sentiment d’abandon et d’insécurité, repli sur soi, communautarisme.".
Début mars, un jeune homme avait déjà perdu la vie par balles après une course course-poursuite près de l'avenue Siffert à deux pas du centre-ville. "Hier soir, l’inévitable s’est malheureusement produit : c’est cette fois-ci un mineur de 17 ans qui a été abattu d’une balle, en pleine rue, sur un parking du quartier Planoise..." déplore-t-elle.
"L'ordre n'est toujours pas revenu et des armes circulent librement", a pour sa part regretté sur sa page Facebook le candidat LR à la mairie de Besançon, Ludovic Fagaut, qui attend "des actes forts et une détermination sans faille, aux côtés de la collectivité, pour lutter contre les trafics en tout genre et ceux qui les entretiennent".
"De qui se moque-t-on ?" Jacques Grosperrin
Le conseiller municipal d'opposition LR, Jacques Grosperrin ne masque pas sa colère. "Je me souviens des engagements du Secrétaire d’État auprès du Ministre de l’Intérieur selon lesquels les Planoisiens pourraient désormais vivre en paix. J’ai également en mémoire les propos du Préfet en réunion publique informant que tout était sous contrôle. Et il nous est aujourd’hui demandé de ne pas manifester notre colère, de ne pas demander de comptes, parce que la période ne s’y prête pas... Il n’y aurait donc aucune responsabilité, ni nationale, ni locale, dans cette situation ? De qui se moque-t-on ? Qu’ont fait les services de l’État depuis trois mois ?" s'insurge le sénateur. "Il ne suffit pas à chaque fois de s’affirmer consterné. Il ne suffit pas de souhaiter que Besançon retrouve une situation normale (...) Planoise veut être écouté et entendu...."
"Ni angélisme, ni défausse, ni slogans musclés démagogiques, mais des actes et de l’efficacité !" Éric Alauzet
De son côté, Éric Alauzet a tout d'abord adressé une pensée émue à la famille du jeune homme, ainsi qu'un message de soutien aux Planoisiens. Le député du Doubs a téléphoné au ministre Laurent Nunez qui s'était déplacé en début d'année dans le quartier. "Je lui ai expressément demandé le maintien des effectifs de CRS en place depuis le début de l'année et des effectifs pérennes supplémentaires pour la Police nationale."
Candidat à l'élection municipale, il réclame des effectifs supplémentaires pour la police nationale. Il souhaite également de nouveaux effectifs pour la police municipale et souhaite installer de nouvelles caméras de surveillance. "Les propositions que nous avons faites lors de la campagne municipale restent d'une totale pertinence : ni angélisme, ni défausse, ni slogans musclés démagogiques, mais des actes et de l’efficacité !"