“Je ne suis pas l’assassin de Narumi”, affirme une dernière fois Nicolas Zepeda

« Je ne suis pas l’assassin de Narumi », a assuré une dernière fois ce mardi 12 avril 2022 le Chilien Nicolas Zepeda devant la cour d’assises du Doubs où il répond de l’assassinat de son ex petite amie japonaise Narumi Kurosaki, avant que les jurés ne se retirent pour délibérer.

© MTPA

"Je ne suis pas qui je voudrais, mais je ne suis pas un assassin, je ne suis pas l'assassin de Narumi", a-t-il déclaré, s'exprimant pour la première fois en français.

Invité par le président de la cour Matthieu Husson à prendre une dernière fois la parole avant la clôture des débats qui ont duré dix jours, Nicolas Zepeda, toujours en chemise et cravate, a parlé en versant quelques larmes.

"Je n'ai jamais voulu être au milieu de la douleur de la famille de Narumi, j'ai jamais voulu être au milieu de la douleur de ma propre famille, de ma propre douleur", a commencé par dire le Chilien de 31 ans.

L'avocat général Etienne Manteaux a requis la réclusion criminelle à perpétuité à l'encontre de Nicolas Zepeda qui, selon lui, "a tué délibérément son ex-compagne avec préméditation", faute d'avoir réussi à la reconquérir.

Malgré un faisceau important d'éléments à charge, l'accusé n'a cessé de clamer son innocence tout au long de son procès. Narumi Kurosaki n'a plus été revue depuis le 4 décembre 2016 et son corps n'a jamais été retrouvé.

L'accusé pourrait être condamné à la perpétuité même si la préméditation n'était pas retenue si le jury le considère comme un ex-concubin de la victime, une circonstance aggravante.

Lors de ce procès "particulièrement fort en émotions", selon les mots de Matthieu Husson, Nicolas Zepeda n'a jamais cessé de clamer son innocence. "Je n'ai pas tué Narumi ! Moi aussi je veux savoir !", avait-il hurlé jeudi, en larmes également, quand sa propre avocate, Me Jacqueline Laffont, lui a demandé s'il était en mesure "d'aider à retrouver" le corps de la jeune fille.

Nicolas Zepeda a reconnu avoir passé la nuit du 4 au 5 décembre 2016 avec elle dans la petite chambre qu'elle occupait dans une résidence universitaire de Besançon. Mais il a assuré tout ignorer du destin de l'étudiante de 21 ans que plus personne d'autre n'a revue vivante depuis et dont le corps n'a jamais été retrouvé.

Lundi, l'avocat général Etienne Manteaux s'est attaché à démontrer pendant deux heures "avec la plus profonde et entière conviction (...) la pleine et entière culpabilité de Nicolas Zepeda". A l'issue, il a requis la peine maximale, la réclusion criminelle à perpétuité.

L'accusé pourrait être condamné à la perpétuité si le jury ne retenait pas la préméditation mais le reconnaissait comme un ex-concubin de la victime, une circonstance aggravante.

Étouffée ou étranglée

Nicolas et Narumi s'étaient rencontrés en 2015 alors qu'ils étudiaient à l'université au Japon. Mais la jeune femme de 21 ans avait rompu à l'automne 2016 peu de temps après son arrivée à Besançon où elle comptait apprendre le français.

Selon l'accusation, mû par une jalousie maladive et un caractère possessif, Nicolas Zepeda, seul et unique suspect, était venu du Chili l'y rejoindre sans la prévenir.

Après l'avoir espionnée, il l'avait retrouvée et avait passé avec elle cette fameuse nuit du 4 au 5 décembre au cours de laquelle des étudiants de la résidence universitaire avaient entendu des "cris stridents" de femme. Aucun d'entre eux n'avait toutefois appelé la police.

Toujours selon l'accusation, Nicolas Zepeda a étouffé ou étranglé Narumi avant de se débarrasser de son corps, sans doute dans la rivière du Doubs, non loin de Dole (Jura). Il aurait ensuite piraté les comptes de Narumi Kurosaki sur les réseaux sociaux pour envoyer des messages à ses proches et la faire passer pour vivante, le temps de regagner le Chili.

Déception

Lundi, son avocate a contesté l'idée d'un "projet de meurtre prémédité" et dénoncé la "dureté" des réquisitions. "S'il est coupable, il ne l'a dit à personne. S'il est innocent, tout l'accuse et il est le seul à le savoir", a conclu Me Laffont.

Avocate de la famille de Narumi, partie civile, Me Sylvie Galley a une nouvelle fois regretté mardi matin l'"absence d'aveux et de réponses" aux questions qui taraudent les proches de Narumi. "La famille espérait davantage, elle restera sur une vraie douleur", a-t-elle dit.

Venue du Japon avec sa plus jeune fille, la mère de Narumi a tenu, serrée contre elle, une photo de la victime tout au long des dix journées d'audience. Au cours des débats, son long et douloureux témoignage a bouleversé la cour, exhortée à "ne pas laisser ce démon en liberté".

(AFP)

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