interview
Garé avec son petit train touristique juste devant l'hôtel de ville, Olivier Prost est en train d'encaisser des clients lorsque ceux-ci remarquent le début d'incendie avec des petites flammes. Il est aux environs de 12 h 05. Ni une, ni deux, il se dirige dans l'hôtel de ville et tombe nez à nez avec l'incendiaire qui lui parle très calmement. Jean-Louis Fousseret, le maire de Besançon l'a appelé au téléphone pour le féliciter de son courage. De retour de Russie, le maire devrait le rencontrer ce lundi pour le remercier. Interview.
Comment êtes-vous tombé nez à nez avec l'homme qui était en train de mettre l'incendie à l'Hôtel de Ville ?
Olivier Prost : Dès que j'ai vu les flammes, mon sang n'a fait qu'un tour, j'ai couru et j'ai vu cette personne en train de mettre le feu. Mon premier souci a été de vérifier à qui j'avais affaire. J'ai vu qu'il était calme et déterminé. Mon premier réflexe a été de vérifier s'il n'y avait plus personne dans les lieux.
Comment a-t-il mis le feu ?
Il a visiblement mis de l'essence sur les rideaux, les a incendiés avec une allumette et a ensuite lancé deux bouteilles d'essence ou du white spirit, je ne sais pas. Le plus surprenant, c'est qu'il est presque sorti, puis il est revenu en lançant une autre bouteille. Pour moi, ce n'était pas des cocktails Molotov à proprement parler avec chiffon qu'on enflamme dans une bouteille avec du produit inflammable…
Vous lui avez parlé. Que vous a-t-il dit ?
Oui. Je l'ai interpellé et lui ai demandé pourquoi il était de mettre le feu à l'hôtel de ville. Il m'a clairement répondu : "Fousseret me connaît, il sait pourquoi je fais ça. Maintenant, ils n'ont plus qu'à venir m'arrêter… " (NDLR l'incendiaire était connu des services de la police et en voulait à la municipalité concernant sa volonté de monter une maison d'édition (lire nos articles en dessous))
Vous avez ensuite tenté d'éteindre l'incendie...
J'ai vite vu qu'il était impossible de le raisonner. Je me suis donc mis à la recherche d'extincteurs, mais je ne les ai pas trouvés. Il y a eu une explosion avec les vitres qui se brisaient. J'ai hurlé que l'on apporte des extincteurs. Des membres du personnel de la brioche Dorée et du Madigan's sont venus avec leur matériel, mais les extincteurs, trop petits, ne pouvaient plus faire grand-chose.
Quand les secours sont-ils arrivés ?
La police est arrivée très rapidement sur les lieux, en moins de cinq minutes. Je les ai tout de suite conduits vers le fuyard qui partait en béquilles par la rue du palais de Justice. Ce qui est surprenant, c'est qu'il n'avait pas du tout de problème pour marcher et se mouvoir lorsqu'il a mis le feu à l'intérieur du hall de l'Hôtel de Ville. J'ai ensuite déplacé mon petit train pour permettre aux pompiers d'intervenir plus facilement.
Cette expérience a dû vous secouer !
Oui, mais je tiens surtout à remercier les Bisontins, mais aussi les clients du petit train qui m'ont alerté ; la police qui a été super sympa et les commerçants qui sont venus me rejoindre. Merci aussi mes collègues qui ont pris en charge l'exploitation du petit train dans le courant de l'après-midi…