La soirée était pensée comme l'apogée de l'organisation de campagne de La France insoumise, qui a écrasé la concurrence à gauche et maintenu en vie son espoir d'une qualification au second tour, même si Marine Le Pen devance largement Jean-Luc Mélenchon dans tous les sondages à la deuxième place.
Le directeur de campagne Manuel Bompard et l'organisateur Bastien Lachaud ont poussé un soupir de soulagement en fin de meeting: "Ce soir c'était un pari technique avec 1.000 personnes impliquées, tout a fonctionné".
Et une clameur énorme du public lillois a accompagné l'apparition, sur l'écran, des 11 autres salles, où l'hologramme du candidat tout juste monté sur scène apparaissait.
La clameur avait été tout aussi sonore quelques minutes plus tôt lorsque le député nordiste Adrien Quatennens avait lancé en préambule à la salle: "Je pense à vous tous quand le visage de Jean-Luc Mélenchon va s'afficher pour le second tour".
Andréa Escoute, 20 ans, en licence de sciences politiques, est justement de celles qui ont fini par se résoudre à voter pour l'Insoumis, alors qu'elle est plutôt sociale-démocrate dans l'âme: "Je suis contente que Jean-Luc Mélenchon monte. Dans ma licence on était tous dépités de l'état de la gauche, ça va mieux même si on n'est pas tous convaincus par lui. On en a discuté et on va se mobiliser pour ne pas se retrouver avec Marine Le Pen au second tour."
Elle est en colère contre le reste de la gauche, a-t-elle confié à l'AFP: "Ça peut leur mettre un coup de pied, vous voyez comment ça peut faire quand on a travaillé ?"
Un cadre de la campagne d'Anne Hidalgo le reconnaissait d'ailleurs mardi, "Mélenchon était au combat depuis cinq ans, il s'est préparé, il a le métier, le charisme, la force oratoire, et son parti il ne l'a mis en route que pour lui, pas pour les élections intermédiaires".
"Hallucination néolibérale"
Le tribun lui-même a jeté toutes ses forces dans son dernier meeting, prononçant l'un des discours les plus longs et les plus enlevés de sa campagne, évoquant "la grande roue de l'histoire et ses engrenages".
Il reste "trois jours" de campagne, s'est-il exclamé: "En ce moment nous sentons notre destin au bout des doigts, nous pouvons porter la plus incroyable bifurcation politique !"
Bifurcation pour s'éloigner de "l'hallucination néolibérale", pour "rompre économiquement avec ce système fou qui veut tout transformer en marchandise", et pour renouer avec "le temps long".
Jean-Luc Mélenchon a prévenu que "ça peut se jouer à pas grand-chose". Alors pour espérer doubler la candidate d'extrême droite, il a pilonné Marine Le Pen, en s'adressant à ses électeurs "fâchés mais pas fachos".
"Comment pouvez-vous porter quelqu'un à ce point éloigné de vos préoccupations de vie élémentaires ?", a tonné le tribun, disant vouloir "mettre fin à cette mystification".
Par exemple lors du débat parlementaire sur la réforme des retraites, entre la fin 2019 et le début 2020, "son nom n'apparaît pas une seule fois dans les comptes-rendus sur la réforme des retraites, elle ne s'en est pas mêlée une seconde, jamais !"
Jean-Luc Mélenchon a aussi livré un condensé de son programme, s'attardant notamment sur la "révolution féministe", séquence qui a occasionné plusieurs des clameurs les plus enthousiastes de la foule.
Et tout en livrant une sorte de bilan de sa carrière, rappelant que la relève insoumise était assurée avec ses jeunes et nombreux lieutenants, il a motivé ses troupes pour convaincre les indécis : "On a encore trois jours (...). Faites-leur sentir avec délicatesse mais force que tout le monde est responsable, individuellement, personnellement, de ce qui va advenir".
(Avec AFP)