Alors âgée de 75 ans, Henriette de Crans a été condamnée à brûler vive sur le bûcher le 13 mars 1434 pour des actes d’hérésie, sortilèges et sorcellerie.
Traduite par Brigitte Rochelandet, la sentence criminelle du 13 mars 1434, conservée par les archives municipales de Besançon, détaille les aveux précis d’Henriette de Crans arrachés par l’inquisition après plusieurs jours d’enfermement. Accusée d’hérésie et d’invocations, elle aurait ainsi confessé avoir fait "plusieurs sortilèges par divination" mais également être plusieurs fois montée sur "une remessse" (balai) ou encore avoir réalisé des invocations en "appelant le prince des diables" en prononçant trois fois : "Belzébuth". La sentence fait également mention de "téléportations" de Crans à Milan pour se rendre au sabbat ou de cannibalisme sur un enfant en compagnie d’un diable.
À l’issue de l’inquisition, elle a été contrainte à une longue procession au départ de la cathédrale Saint-Jean par la Grande Rue, les mains liées dans le dos et une corde au cou jusqu’au bûcher alors installé à Chamars où elle fut brulée vive. Après elle, quelques 800 autres femmes de la région auraient à leur tour été condamnées à mort pour des motifs similaires.
Une statue depuis dressée à Chamars
Devenue une victime emblématique de la mysoginie, Henriette de Crans possède depuis 2021 une statue à son effigie dans le parc de Chamars. Réalisée par l’artiste Anne-Valérie Dupond, et installée par la Ville de Besançon, elle rend aujourd’hui hommage à toutes les femmes victimes de violence.
En 2024, un podcast de 36 minutes réalisé par Aurélien Bertini intitulé "J’ai avalé une fumée noire" retrace le parcours et est proposé lors d’une balade sonore qui plonge les participants dans le destin à l’issue tragique d’Henriette de Crans.