"Si la remontée des taux observée au cours des dernières semaines se poursuivait, elle pourrait avoir des conséquences notables sur la prévision d'évolution de la charge d'intérêt (de la dette publique française). C'est un des éléments auxquels pense le Haut conseil quand il appelle à la plus grande vigilance sur la soutenabilité de la trajectoire des finances publiques", a prévenu Pierre Moscovici devant la commission des Finances de l'Assemblée nationale.
La charge de la dette correspond au montant des intérêts que doit payer chaque année un Etat. En France, c'est un des plus importants postes de dépense du budget de l'Etat.
La forte baisse des taux d'intérêt ces dernières années, qui sont même devenus négatifs, a permis de réduire ce montant: il était de 38 milliards d'euros en 2019, puis de 36 milliards l'an dernier, alors même que la France a fortement accru son niveau d'emprunt.
Mais le taux d'emprunt appliqué aux obligations d'Etat à 10 ans est passé en quelques mois de -0,3% à près de +0,2%, a rappelé mercredi le ministre de l'Economie Bruno Le Maire devant les députés.
Si cette hausse reste "limitée" à ce stade, "il y a là quand même un petit rappel qui nous invite à ne pas vivre dans l'idée d'un confort perpétuel de politique monétaire" accommodante de la Banque centrale européenne (BCE), qui a oeuvré à maintenir les taux bas, a prévenu Pierre Moscovici, également premier président de la Cour des comptes.
"La forte croissance de la dette publique la rend plus sensible à une augmentation de taux, du fait des volumes plus importants à refinancer", a-t-il insisté, citant une estimation de l'Agence France Trésor, selon laquelle une augmentation d'un point de taux d'intérêt conduirait à une hausse de 2,5 milliards d'euros la première année de la charge de la dette, et de 28,9 milliards d'euros à horizon de dix ans.