Une cinquantaine de grévistes déclarés. Certains pour une heure, d'autres pour la journée ou la demi-journée. Les agents d'Adréa Franche-Comté ont bravé le froid au matin de ce lundi 18 janvier et, fait rare, ont monté un piquet de grève devant le siège de Besançon à l'appel de l'intersyndicale CFDT CGT et FO. "C'est le ras-le-bol général face au manque de moyens, au manque d'anticipation de la direction pour faire face la loi ANI qui impose au 1er janvier 2016 une mutuelle obligatoire d'entreprise et au refus d'entamer de réelles négociations des salaires " explique la déléguée CFDT entourée de salariées découragées. (En France, 80% des salariés de mutuelle de santé sont des femmes)
"L'épuisement" des salariés et le mécontentement des adhérents
Par ailleurs la réforme des "contrats responsables" impose aux mutuelles de mettre en conformité tous les contrats d'entreprise. "C'est une surcharge importante de travail. On demande de faire plus avec autant de personnel voir moins. Les salariés sont usés. Dans certains services, on demande à deux personnes de faire le travail de cinq, et on en rajoute ! On compte plusieurs burn-out et arrêt maladie. Tout cela impacte forcément sur la qualité du service rendu aux adhérents. On est à la ramasse…"
Les griefs sont nombreux. Pression sur les plateformes téléphoniques, manque de dialogue social, soucis informatiques récurrents depuis 2012 et revalorisations salariales insuffisantes. La déléguée rappelle que les syndicats ont claqué la porte des négociations annuelles obligatoire et que la direction refuse une revalorisation "décente" des salaires en 2016.
"13 CDD à Besançon pour faire face à la surcharge de travail"
Sur le plan salarial, la direction précise qu'elle propose de 0,2% d'augmentation pour les cadres, 0,3% pour les agents de maitrises et 0,4 % pour les autres collaborateurs. Adréa explique en outre que, depuis trois ans, les salaires les plus bas sont à 20.000 euros brut minimum par an, de 7 à 8 % au-dessus du SMIC.
Sur le reste, elle dit comprendre la situation avec une charge de travail "sans aucune mesure" due aux dispositions réglementaires (ANI, contrats responsables, ACS). "On a conscience que c'est compliqué avec l'arrivée de 3.500 contrats d'entreprises supplémentaires, dont 1.500 depuis le 1er décembre engendrant de fait une certaine pression. Cela représente 100 à 150.000 adhérents supplémentaires" explique Jean Pebrier, directeur général adjoint en charge des services aux adhérents chez Adréa. "Pour faire face, nous avons embauché depuis le mois de mai 70 CDD dont 13 à Besançon qui, à ma connaissance s'en sort plutôt bien dans ses délais de gestion malgré la surcharge de travail. Nous avons d'ailleurs confié à Besançon le dossier Robert Bosh qui concerne 12.000 salariés. Une mise en œuvre complexe, des décisions d'entreprises tardives : nous avons été victimes de notre succès…" Jean Pebrier espère plus de sérénité d'ici 15 jours et un "retour à la normale" d'ici fin février. Les salariés, eux, se disent prêts à un autre mouvement si nécessaire.