Rappelez-nous ce qu'est Metal Hurlant ?
Gilles Poussin : "Métal Hurlant est une revue de bandes dessinées publiée initialement en 1975, créée par Jean-Pierre Dionnet, l'animateur principal de la revue, Bernard Farkas aux finances et les dessinateurs Philippe Druillet et Jean « Mœbius » Giraud. Philippe Manœuvre, journaliste à Rock & Folk, viendra rapidement seconder Jean-Pierre Dionnet à l'élaboration du journal et le cinéaste et scénariste Alejandro Jodorowsky sera un élément fort de cette équipe.
Outre la science-fiction du départ, la revue a développé de nombreux genres qui n'étaient pas encore « grand public » (la BD rock et d'humour, par exemple, avec Frank Margerin en tête de file) et s'est fait connaître aussi par ses chroniqueurs talentueux et irrévérencieux (François Rivière, Philippe Manœuvre, polémiste à la plume acérée, Jean-Patrick Manchette, le cinéaste Olivier Assayas, Jacques Goimard...).
Il a existé de nombreuses éditions étrangères, dont Heavy Metal (qui paraît toujours) aux États-Unis. De par notamment la force exceptionnelle des dessins de Mœbius et Druillet, son rayonnement et son influence ont été planétaires jusque dans le cinéma (Star Wars, Alien, Mad Max, Blade Runner...). Une nouvelle version de Métal Hurlant est publiée sous forme trimestrielle depuis cet automne."
Quelle est votre histoire avec cette revue ?
Gilles Poussin : "J'ai découvert à sa sortie cette revue à la maison de la presse de Gray, d'où je suis originaire, et je l'ai suivie jusqu'à son dernier numéro en 1987. Au festival BD d'Angoulême et par l'entremise du dessinateur Mezzo, quand je vivais à Paris, j'ai pu rencontrer un certain nombre d'acteurs de Métal (Jano, Ben Radis, Margerin, Charlie Schlingo...) avec qui je me suis lié de sympathie. Jean-Pierre Dionnet, qui venait à la librairie Glénat où je travaillais, a eu la gentillesse de me faire entrer à L'Écho des Savanes quand il en était le responsable après l'arrêt de Métal Hurlant. Nous sommes restés régulièrement en contact. C'est Jano qui m'a suggéré d'écrire l'histoire de Métal Hurlant car les dessinateurs avaient confiance en moi et Jean-Pierre Dionnet a donné son aval avec enthousiasme."
Que représente Métal Hurlant pour vous ?
Gilles Poussin : "Cette revue est pour moi un totem, un symbole fort de la puissance de l'imagination et de sa capacité à ouvrir les esprits. Métal Hurlant a apporté un vent de liberté et de création relativement rare dans la presse française avec une énergie très positive."
Pourquoi rééditer, réviser et corriger votre ouvrage co-écrit avec Christian Marmonnier, Métal Hurlant, la machine à rêver ?
Gilles Poussin : "Notre ouvrage, monographie historique, publiée en 2005, était quasiment épuisé (8000 exemplaires vendus). Avec la sortie de la nouvelle version de Métal Hurlant, il a semblé opportun à notre éditeur, Denoël, de réimprimer notre livre. Le directeur de collection, Jean-Luc Fromental (lui-même issu de Métal Hurlant), par sa force de persuasion a œuvré dans ce sens."
Qu'est-ce qui change dans cette édition ?
Gilles Poussin : "Avec mon ami Christian Marmonnier, nous avons relu et révisé tout le livre (300 pages). Il se divise en deux parties, la première est l'histoire du journal racontée de manière chorale par une cinquantaine d'intervenants, disposés selon leur arrivée chronologique dans cette aventure, ce qui rend cette histoire très vivante et permet de donner des avis contradictoires sur des évènements conflictuels de la vie du journal.
La seconde est un scrapbook, tout en couleur, qui reprend année par année chaque couverture de Métal Hurlant avec des extraits percutants des numéros publiés. La maquette est la même mais, outre les corrections et rectifications, notamment sur la bibliographie, le papier de la première partie a été changé pour donner une meilleure lisibilité aux illustrations et surtout aux photos. De rigide, le livre est devenu souple, relié et cousu, il est plus pratique à consulter, la couverture est joliment gaufrée, avec rabats et photo des auteurs réalisée par le Bisontin Jean-Christophe Polien. Cerise sur le gâteau, Jean-Pierre Dionnet nous a écrit une préface inédite pleine d'intelligence et de passion."
Où peut-on le trouver et à quel prix ?
Gilles Poussin : "Dans toutes les bonnes librairies, au prix de 34,90 €."
Existe-t-il encore des exemplaires de 2005 pour les amateurs ?
Gilles Poussin : "Non, mais cette édition est bien meilleure ! (sourires)."