Gérantes et gérants de discothèques à Besançon : la série de photos qui en dit long…

Triste anniversaire • Vendredi 12 mars 2021, jour pour jour un an après la fermeture des discothèques à cause de la crise de la Covid-19, Antonin Borie, patron de L’Antonnoir à Besançon qui s’est remis à la photographie « pour ne pas sombrer », a publié une série de photos de gérant.e.s de discothèques dans le Doubs très éloquentes… peut-être même tristement éloquentes.

La famille Iemolo (Marine, Andrée et Ludo), gérante du Privé à Besançon © Antonin Borie

Dans une autre vie, avant d'être gérant de l'Antonnoir, Antonin Borie, qu'on ne présente plus, était photographe. Après plusieurs mois de fermeture des discothèques, il décide de se remettre à la photographie "pour préserver ma santé mentale", nous confie-t-il. Sur son Instagram, on peut y voir des silhouettes féminines, mais pas seulement : le 12 mars dernier, il publie une série de photos très parlantes, celles de gérant.e.s de discothèques dans le Doubs.

"Parmi d'autres sujets, il me paraissait urgent et évident d'exprimer l'état d'esprit dans lequel nous sommes en cette période, autrement qu'avec des mots dans la presse, à la radio ou sur des plateaux de télévision" nous explique Antonin.

"Cette gueule, c'est celle qu'ils ont naturellement en ce moment"

Le photographe est donc parti à la rencontre d'une grande partie des gérant.e.s de discothèques, dans leurs établissements fermés, situés dans le Doubs. C'est dans une ambiance "plutôt agréable" qu'il rencontre ou revoit des confrères et consoeurs qui vivent la même situation que lui. "On était content de faire ces photos, ça a été l'occasion de créer du lien social, chose rare en ce moment", souligne Antonin, "J'y ai rencontré des gens très chouettes, que je n'aurais jamais rencontrés si ce putain de covid n'était pas arrivé, j'ai vu des endroits super sympas que je ne connaissais pas, et j'ai envie de voir leur établissement fonctionner."

Devant l'objectif, après quelques réglages de lumières, les modèles se laissent porter. Même si le but de ces photos est de mettre en exergue l'état d'esprit général des patrons et patronnes de discothèques, "il n'y a pas eu besoin de forcer le trait parce que cette gueule, c'est celle qu'ils ont naturellement en ce moment", précise le photographe, "je leur ai juste dit : - exprimez ce que vous voulez exprimer avec les yeux - et ce qui se dégage est leur état d'esprit réel, le désarroi, l'incertitude, l'angoisse, avec un horizon bouché depuis un an, eux qui ont tout misé sur leur établissement, eux pour qui leur discothèque est leur vie, eux qui ont la tête dans le néant 24h sur 24, comme moi."

Djess et Gilloux, les gérants du Festival à Valdahon © Antonin Borie

L'émergence d'une envie de travailler ensemble à la réouverture

 Ces rencontres, si elles se sont réalisées en cette période remplie d'incertitudes, ont permis d'éveiller des envies chez chacun.

Antonin Borie parle de "travailler ensemble" quand ces établissements pourront rouvrir : "Si un jour on rouvre, on travaillera différemment, avec les uns et les autres de manière intelligente comme par exemple proposer un programme détaillé dans chaque lieu, envisager des outils de communication communs, créer des évènements ensemble… ça nous a soudé cette saloperie."

Vers une réouverture des discothèques avec le pass vaccinal ?

Cette idée qui ne semblait pas sérieuse il y a quelques mois commence à murir dans les esprits non seulement des autorités, mais aussi des chefs d'entreprises et même du public. Pour Antonin Borie, "ce n'est pas moi qui déciderai, on n'aura pas le choix. Il n'y aura plus d'aide. Pour ou contre, on sera obligé de s'y plier. On n’est pas pour parce qu'il y a suffisamment de raisons d'accepter ou de refuser des clients. Le tri vaccinal, on n'en a pas envie, mais on n'aura pas le choix. On s'adaptera pour notre survie, mais évidemment qu'on a pas envie de travailler comme ça."

François, Gros, Manu et Anto, des associés de L'Antonnoir à Besançon © Antonin Borie

Le gérant de l'Antonnoir explique que l'"on préfère maintenir nos établissements fermés sous réserve que l'on nous permette de le faire avec des aides, que rouvrir dans des conditions pas festives à cause desquelles notre métier ne sera plus le même."

Cela dit, aucune réouverture des discothèques n'est prévue pour l'instant. "On sait de toute façon qu'on ne rouvrira pas avant l'automne", précise Antonin.

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