Pourquoi ces travaux ?
Les travaux de restructuration qui vont être engagés dans le bâtiment du musée des Beaux-Arts et d’Archéologie (ancienne halle aux grains édifiée par l’architecte de la ville Pierre Marnotte dans la première moitié du XIXe siècle, modifié par Louis Miquel dans les années 1960) visent d’une part à le mettre en sécurité et aux normes : sécurité incendie - notamment le désenfumage du bâtiment -, et accessibilité aux personnes handicapées avec un vrai ascenseur (jusqu’alors n’existe qu’un monte-charge), ainsi que l’évacuation de celles-ci en cas de sinistre. D’autre part, ils vont permettre de doter l’espace d’exposition du 1.300 m2 supplémentaires, soit environ un tiers de plus.
D’où vient cet espace supplémentaire ?
Pas question d’ajouter une annexe à la halle aux grains du XIXe siècle. Ces 1.300 m2 supplémentaires sont bien à l’intérieur du bâtiment actuel. L’astuce est simplement d’externaliser dans d’autres bâtiments municipaux les réserves (l’occasion de disposer enfin de réserves dignes d’un musée de cette importance) et l’atelier technique du musée, de supprimer les anciens bureaux, déménagés depuis plusieurs années dans un bâtiment voisin de la rue Courbet, d’abattre des cloisons qui avaient été ajoutées. Cela permettra notamment de retrouver le plan carré de circulation autour de l’ancienne cour au premier étage.
Quels autres travaux vont être réalisés ?
Le musée souffre actuellement de mauvaises conditions d’éclairage. Pour donner plus de luminosité aux lieux, l’éclairage naturel va être renforcé par la suppression de la verrière horizontale vraiment peu esthétique ce qui laissera apparaître la verrière à pans de la toiture. Laquelle bénéficiera d’un traitement solaire spécifique limitant les écarts de température notamment l’été, ce qui permet une meilleure conservation des œuvres. Toutes les fenêtres et menuiseries seront changées pour répondre aux normes en vigueur et le chauffage revu.
En outre, les nombreuses arcades et passages intérieurs comme extérieurs murés ou bouchés de panneaux au fil des années seront rouverts afin d’apporter plus de lumière au musée et l’ouvrir sur l’extérieur. "Depuis la station du tram, on verra l’intérieur du musée", signale Emmanuel Guigon, directeur et conservateur du musée des Beaux-Arts et d'Archéologie de Besançon.
Qui se charge de cette restructuration ?
La maîtrise d’oeuvre du projet a été confiée au cabinet bisontin "Architectures Adelfo Scaranello", qui a par exemple conçu le musée de l’Abbaye à Saint-Claude dans le Jura en 2008 et a été retenu pour la réalisation du musée Camille Claudel à Nogent-sur-Seine qui ouvrira en 2014.
Comment seront déployées les collections ?
"Dans un poème, le premier mot est important, le dernier aussi et tout découle à partir de ça", souligne Emmanuel Guigon, indiquant que le nouveau parcours du musée suivra le même principe. On entrera dans ses remarquables collections de peintures par celles de la Renaissance, au rez-de-chaussée, avec l’un des fleurons du musée "La Déploration sur le Christ mort" de Bronzino, tandis que le cube de béton de Miquel qui culmine en haut du musée continuera à accueillir les chefs d’oeuvre du XXe siècle de la collection Besson. Les tableaux des XVIIe et XVIIIe siècle investiront les rampes de béton. A l’étage, une salle sera consacrée au XVIIIe siècle avec beaucoup plus de sculptures et d’objets d’art, une autre au XIXe siècle. Il y aura aussi une salle des paysagistes francs-comtois, une grande salle d’exposition temporaire avec une mezzanine pour les dessins, une petite salle de conférence. Le public pourra découvrir en permanence 350 peintures contre 200 à 250 jusqu’alors qui, en outre, étaient régulièrement décrochées pour laisser place aux expositions temporaires.
Au rez-de-chaussée, on trouvera aussi l’accueil – plus convivial qu’aujourd’hui -, une boutique, un espace de médiation pour le public scolaire, et l’archéologie redéployée tout autour de la partie centrale. Celle-ci sera présentée selon un parcours cohérent de la préhistoire au Moyen Age, avec un espace dédié aux collections égyptiennes.
"Jamais le musée n’aura été aussi beau", souligne Emmanuel Guigon. Et pour un tel résultat, il faut bien trois ans de fermeture !