Fonctionnaires de police et de gendarmerie du Doubs aux JO de Paris : combien, pourquoi, quel sacrifice et à quel prix ?

Depuis le mois de juillet au jusqu'au 8 septembre 2024, des renforts de police et de gendarmerie nationales ont été envoyés de toute la France pour assurer la sécurité et le bon déroulement des Jeux olympiques de Paris. 366 effectifs de la police de Besançon, Montbéliard, Pontarlier et de la police aux frontières sont mobilisés ainsi que 225 militaires du groupement du gendarmerie du Doubs.

Capitaine Thierry Gremion, chef de l'unité d'ordre public au sein de la police nationale à Besançon et le commissaire Sébastien Giordano, chef du service local de la sécurité publique. © Alexane Alfaro

Pas moins de 72 fonctionnaires de police sur les 400 que compte le commissariat de Besançon auxquels s'ajoutent 294 effectifs sur l'ensemble du département du Doubs (Pontarlier, Montbéliard et Police aux frontières) ont été envoyés à Paris jusqu'au 8 septembre à l’occasion des Jeux olympiques.

Le commissaire Sébastien Giordano, chef du service local de la sécurité publique, nous explique que les missions des policières et des policiers bisontins sont de plusieurs types. ”Il y a une mission qu’on appelle Plan tourisme XXL pour faire de la sécurisation des lieux touristiques, donc des patrouilles pédestres et portées sur des lieux emblématiques”, nous dévoile-t-il. Et puisque les jeux ont commencé le week-end dernier, les fonctionnaires ont également des missions de "sécurisation du dernier kilomètre" des épreuves olympiques.

Capitaine Thierry Gremion, chef de l'unité d'ordre public au sein de la police nationale à Besançon et le commissaire Sébastien Giordano, chef du service local de la sécurité publique. © Alexane Alfaro

Les agents ont également ”des missions pour lesquelles ils vont faire des plans de circulation et de filtrage pour le périmètre mis en place pour la cérémonie d’ouverture et les Jeux”, indique Sébastien Giordano. Ainsi, dans tous les quartiers fermés pour le déroulement des épreuves sportives, les fonctionnaires doivent contrôler les passages, notamment les QR Codes.

Vingt-sept effectifs sont arrivés en renfort judiciaire dans les commissariats "pour la prise de plaintes par exemple", précise le commissaire Giordano et 51 fonctionnaires de la police aux frontières sont en renfort dans les aéroports de Roissy et d'Orly "pour contrôler les passagers, les flux migratoires, etc.".

Du côté de la gendarmerie du Doubs, ce sont 225 militaires sur les 600 du groupement départemental, de tous les grades, qui sont en renfort depuis le 13 juillet et jusqu’à la fin des jeux paralympiques le 8 septembre.

Sandrine Zintz, officier adjoint de renseignement du groupement de gendarmerie départementale du Doubs, nous précise que les principales missions portent essentiellement sur ”la logistique : entretien des véhicules, logistique alimentaire et d’hébergement ainsi que la sécurisation des jeux. Ils ont été envoyés pour la préparation des Jeux et y resteront jusqu’à la fin des jeux paralympiques.”

© Gendarmerie du Doubs - GGD25

”La première fois de l’histoire”

Pour le capitaine de police Thierry Gremion, chef de l'unité d'ordre public, ”il n’y a jamais eu une mobilisation aussi importante dans l’histoire, c’est vraiment une première.” Si pour quelques évènements d’ampleur le commissariat de Besançon avait déjà envoyé des agents en renforts dans d’autres villes, il n’y en a jamais eu 72. ”Pour la venue du Papa à Marseille, il y avait entre quatre et huit collègues maximum”, nous cite-t-il en exemple.

En tous, ce se sont 45.000 policiers et gendarmes de toute la France qui assurent les missions de sécurité sur tous les sites où se déroulent les épreuves sportives à Paris et dans d’autres communes comme Versailles, Elancourt, Châteauroux, Saint-Quentin-en-Yvelines, au stade de Bordeaux, au stade de Nice, stade de Lyon ou encore Marseille.

Quelles contreparties pour les fonctionnaires ?

Mobilisé ou non pour les Jeux olympiques, aucun agent de police ou gendarmerie ne peut prendre de congés en juillet août (mais avec la possibilité de prendre des vacances deux semaines entre le 15 juin et le 15 septembre). Le taux de présence est de 100% (sauf absences liées à la parentalité, décès ou congés de proche aidant). Les personnes de tout grade et de tout corps sont concernés par cette mesure du ministère de l’Intérieur prise début 2022. 

En contrepartie, des primes seront accordées entre 1.000 à 1.900€ ”au regard de la mobilisation et ça dépend s’ils sont affectés sur Paris ou ailleurs”, nous précise Sébastien Giordano. ”Cette prime sera versée avec plusieurs niveaux selon la situation de chacun”, avait précisé le ministère de l’Intérieur dans un courrier adressé à tous les agents du ministère en janvier 2024.

© Police nationale 25

À cette prime, s’ajoute une indemnité de 50€ par nuit pour tous les policiers déplacés au moins cinq jours sur des missions de sécurité ou en lien avec les Jeux olympiques.

Enfin, le ministère s’engage à payer les heures supplémentaires à 100% qui seront ”déplafonnées et défiscalisées”. Et pour les fonctionnaires parents célibataires, l’État financera le ”doublement du chèque emploi-service universel”, jusqu’à 350 euros par enfant.

”Par rapport à d’autres professionnels comme les infirmières ou les sapeurs-pompiers, nous ne sommes pas sur-payés”, commente le commissaire Giordano en expliquant que ”le rythme des missions est quand même compliqué avec 12 heures de vacation par jour, mais ils sont plus proches des 14 ou des 15 heures, et ils travaillent 5 jours sur 6.”

”Sacrifice”, ”abstraction de la vie personnelle”, ”résilience”

Si les vacances d’été permettent de se retrouver en famille au moins une fois dans l’année, pour les forces de l’ordre, il n’en sera rien cet année. Thierry Gremion, interrogé d’un côté et Sandrine Zintz, interviewée de l’autre, utilisent le même vocabulaire : ”c’est un sacrifice”. 

© Gendarmerie du Doubs - GGD25

”Ce sacrifice implique la vie personnelle et des personnes qui ne sont pas directement concernées par la profession, il y a quand même une implication, quoiqu’il en soit, de la vie familiale de chaque fonctionnaire”, explique le capitaine Gremion, qui parle également de ”l’abstraction de la vie personnelle pendant toute cette période.”

Est-ce que le moral des troupes est au beau fixe malgré tout ? ”Il y a une forme de résilience de la part des fonctionnaires, on étaient prévenus, on savaient que la période allait être compliquée, donc il y a une résilience qui se fait pour assurer la continuité du service public”, nous répond le capitaine de police.

Une mobilisation au détriment de la sécurité locale ?

Comme indiqué précédemment, au commissariat de Besançon, 72 agents sur les 400 sont à Paris et 225 militaires sur 600 du groupement de gendarmerie départemental du Doubs sont également mobilisés pendant les JO. 

”Le taux de présence atteint les 100%, personne ne prend de congés”, nous confirme Sébastien Giordano, y compris les agents qui restent à Besançon, ”on a donc pu conserver notre capacité opérationnelle sur place.” Ce qui est également le cas au sein de la gendarmerie. Sandrine Zintz affirme également que ”cette mobilisation sur les JO ne se fait pas au détriment de la sécurité du territoire.”

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