Le ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire a récemment confirmé que le déficit public en 2023 déraperait "significativement au-delà des 4,9%" du PIB initialement attendus, en raison de moindres rentrées fiscales.
La Cour des comptes a étrillé de son côté le gouvernement pour sa gestion des finances publiques dans son rapport annuel, publié la semaine dernière, lui reprochant un scénario initial "improbable" pour 2024 et une trajectoire "peu ambitieuse et fragile" sur le déficit public, jugeant la situation budgétaire "préoccupante", voire "sérieuse". Avec une dette publique prévue à 109,7% du PIB en 2024 et 108,1% en 2027, "on est solidement installé sur le podium des trois pays les plus endettés de la zone euro", avec la Grèce et l'Italie, selon Pierre Moscovici, le premier président de l'institution.
La dette et le déficit de la France sont scrutés par les agences de notation, dont plusieurs doivent donner leur verdict en avril. Le gouvernement a déjà revu à la baisse son objectif de croissance pour 2024: lui qui tablait sur 1,4% n'espère désormais plus que 1% sur l'année.
Au moins 20 milliards à économiser
Dans ce contexte, Bruno Le Maire prône une rigueur et des choix à faire dans la dépense publique. "Nous devons remplacer l'État-providence par l'État protecteur", a-t-il lancé dans le JDD dimanche à l'occasion de la parution d'un nouveau livre aux airs de programme politique, alors que le gouvernement prévoit de durcir le régime d'assurance chômage.
En février, il avait annoncé un plan d'économies de 10 milliards pour 2024, concrétisé rapidement par un décret au Journal Officiel. Et pour 2025, ce sont au moins 20 milliards qui devront être économisés, avec les dépenses de la Sécurité sociale dans la ligne de mire de Bercy. À terme, l'objectif est de faire repasser le déficit public sous la barre des 3% du PIB en 2027.
La France "emprunte le même chemin que la Grèce" qui a connu une grave crise économique en 2007-2008, a estimé le patron des Républicains, Eric Ciotti dans un entretien au journal Les Echos mis en ligne mardi soir. Il s'attend à ce que les agences de notation dégradent "vraisemblablement" dans les prochaines semaines la note du pays. "Cette gestion calamiteuse des finances publiques doit être censurée", prévient M. Ciotti, qui a fait du redressement des finances publiques l'un des chevaux de bataille de son parti pour les européennes de juin.
(AFP)