Depuis 2014, le département du Doubs a vu ses effectifs reculer de manière significative : ”732 agents en 2014 contre 645 en 2025 : -87 agents, baisse de 12 %”, indique le communiqué. Le service impôt est particulièrement touché : ”145 en 2014 contre 109 en 2025 pour une baisse de 23,44 %”.
Une charge de travail en hausse malgré la baisse des effectifs
Cette réduction s'accompagne d’une demande croissante de la part des usagers, notamment pendant les périodes de déclaration des revenus. Dans le Doubs comme ailleurs, les agents sont confrontés à un afflux de sollicitations : accueil physique, réponses téléphoniques, traitement des mails, aide à l’utilisation du portail "Gérer mes biens immobiliers", et participation au renfort du centre d’appels national.
Quelques chiffres relatifs à campagne impôt sur le revenu 2024 :
- usagers reçus en guichet pour la campagne déclarative : de 2,2 millions en 2022 à 2,5 millions en 2023.
- usagers reçus en guichet pour la campagne des avis : de 3,3 millions en 2022 à 3,7 millions en 2023
- appels usagers sur les différentes plateformes : de 10,5 millions en 2022 à 13,5 millions en 2023
Le syndicat critique vivement le recours à ces centres d’appels, qui devaient compenser la suppression de postes sur le terrain : ”Sous-dimensionnés, ces centres d’appels sont dépassés et les services impôts doivent dorénavant dédier une partie de leur temps afin de venir en soutien à l’accueil téléphonique national alors même qu’ils ont été dépouillés de leurs emplois… La boucle est bouclée !”
Difficultés d’accès au service public
Le territoire du Doubs, en partie rural, est également concerné par les problèmes d’accessibilité. Dans les maisons France Service, qui accueillent les citoyens pour diverses démarches administratives, 25 % des sollicitations concernent la DGFIP. Or, ces structures manquent souvent d’agents formés, dénonce Solidaire : ”Peu de spécialistes, ou d’agents DGFIP sur place”, souligne le communiqué. Résultat : les usagers doivent parfois se déplacer loin de leur domicile ou organiser des rendez-vous en visioconférence pour obtenir une réponse.
Cette situation pénaliserait particulièrement les personnes âgées ou peu à l’aise avec les outils numériques. Pour le syndicat, ”les personnes peinant à comprendre le système fiscal ou souffrant d’illectronisme seront davantage lésées”.
Cinq suicides en France
Le lancement de la campagne 2025 aurait illustré le manque de préparation des agents : ceux-ci n’avaient pas reçu la brochure officielle sur l’impôt sur le revenu à temps, un outil essentiel selon eux pour renseigner les usagers avec précision.
Au-delà des difficultés techniques et organisationnelles, le climat social inquiète fortement. Au niveau national, cinq suicides– dont un sur le lieu de travail – ont été recensés depuis le début de l’année, ainsi que deux tentatives. Le communiqué ne donne pas de chiffres spécifiques au Doubs, mais alerte sur la dégradation des conditions de travail partout sur le territoire.
Un appel à la reconnaissance
”Sans nous, agentes et agents de la DGFIP, baisse de la qualité de service”, prévient le syndicat. Solidaires Finances Publiques alerte sur les conséquences à long terme : dégradation de l’accueil, augmentation des délais de traitement, inégalités d’accès à l’information fiscale, et recul du consentement à l’impôt, pilier du fonctionnement démocratique.
Dans un contexte où les dépenses publiques restent au cœur du débat, le syndicat rappelle que l’impôt est indispensable pour financer les services essentiels. ”L’impôt reste nécessaire et essentiel à notre système social” peut-on lire, avec en toile de fond une revendication claire : "justice fiscale, justice sociale, justice environnementale”.