D'emblée, Jean-François Chanet a insisté sur le fait que le mot "fermeture" est à mettre en guillemets puisque "le service public de l'Éducation nationale, qui est le plus grand service public de la nation, continue sous des modalités différentes, il ne s'interrompt pas (…) ce ne sont pas des vacances." Il ajoute qu'il s'agit plutôt d'une "cessation de l'activité d'accueil des élèves".
Selon le recteur, le premier défi sera lundi matin avec deux difficultés :
- "Réussir lundi à faire ce qui nous est demandé, qui n'est pas simple, et qui comprend des nuances"
- "L'installation dans une certaine durée dont nous ne connaissons pas le terme".
"Il est évident que lundi, nous ne pouvons pas attendre, il serait déraisonnable d'attendre que tout marche à la perfection partout et pour tout le monde" précise Jean-François Chanet. "Personne ne peut exiger cela, même si nous nous y sommes préparés depuis plusieurs jours si ce n'est plusieurs semaines."
Enseignants, agents, chefs d'établissements… Tout le monde à son poste !
Puisqu'il ne s'agit pas d'une "fermeture" pure et simple des établissements, les personnels enseignants et administratifs travailleront. "Les chefs d'établissement seront à leur poste, les agents seront à leur poste et les enseignants seront et doivent être à leur poste", souligne le recteur.
Leur poste peut être, "là où c'est le plus utile", devant un ordinateur chez soi à assurer la continuité d'un service pédagogique distancié, soit dans les établissements pour profiter des outils numériques à disposition. "Il y aura une continuité du service y compris dans les établissements : je ne dis pas que les professeurs vont tous faire leurs heures de service, même s'ils n'ont pas d'élèves, je dis qu'il faudra un service minimum qui exigera la présence des enseignants et des professionnels selon des modalités variables." Il ajoute que "se posera également à eux la question de la garde de leurs propres enfants en tant que parent d'élèves."
Les établissements accueilleront certains élèves…
"Il faudra que lundi, pour tous les personnels soignants qui n'auront pas trouvé de solution de garde pour leurs enfants, soit assuré l'accueil de leurs enfants", a précisé Jean-François Chanet. L'identification des besoins est en cours.
Comment poursuivre la continuité pédagogique ?
L'idée de la continuité pédagogique est de "maintenir du lien éducatif, social et affectif afin d'éviter l'isolement et une inquiétude supplémentaire à cette situation déjà anxiogène", a déclaré Nathalie Découlet, déléguée régionale au numérique pour l'éducation. Le plan de continuité pédagogique "a été préparé au plus près du terrain et on sait sur quels leviers agir et sur lesquels il va falloir porter une attention particulière", ajoute-t-elle.
La première intention de l'éducation nationale est portée sur les familles "éloignées" de l'école. "Il ne s'agit pas d'avoir un enseignement nouveau au cours duquel on perdrait des élèves, surtout pas !" souligne Nathalie Découlet. Des fiches contact des parents ont été réalisées par les chefs d'établissement. "On pense à tous ceux que l'on pourrait perdre du fait de cet évènement, on pense aussi aux familles qui n'ont pas accès aux supports numériques ou qui ont un débit faible chez eux, on met donc en place des systèmes pour que les élèves qui ne puissent pas avoir des cours à distance et puisse récupérer les leçons par tous les moyens de communication possibles, y compris par téléphone : le contact est essentiel, le retour sur ce qu'ils vont faire est également essentiel." Les éléments de cours peuvent également être récupérés dans les établissements.
Pour les élèves en maternelle : le lien avec la famille sera effectué pour "conseiller des jeux de manipulation à faire à la maison par exemple, il est évident que ces enfants ne vont pas rester 4 heures derrière un écran", souligne Nathalie Découlet.
Le dispositif "Ma classe à la maison" du CNED est également un support de cours avec des exercices en ligne pour les classes de la grande section de maternelle à la terminale. Les enseignants s'organiseront avec leurs élèves.
Les classes virtuelles à distance via la plateforme du CNED seront également proposées par des enseignants.
Les élèves auront des devoirs à faire et à rendre qui pourront être évalués, "mais les conditions d'évaluation seront différentes", précise Nathalie Découlet.
Et pour le bac, comment ça va se passer ?
Pour le recteur, "ça va dépendre en grande partie de la durée de la période dans laquelle nous entrons. Il a été dit par l'Éducation nationale qu'il fallait envisager que cette durée aille jusqu'aux vacances de printemps, et encore faudrait-il bien définir quelles zones seront concernées… Il est certain qu'il y aura des aménagements à apporter, des assouplissements viendront, mais il est encore trop tôt pour les préciser."
Du jamais vu, y compris pendant la Première Guerre mondiale
Le recteur, historien de profession, a déclaré que la situation que vit l'Éducation nationale aujourd'hui est "inédite" en France, "même pendant la Première Guerre mondiale, dont nous savons que la mobilisation des enseignants en 1914 massive avait dû être tant bien que mal remplacée, les écoles n'ont jamais fermé."