Fannette Charvier : “A nous de montrer le verre à moitié plein”

L’actu politique du moment, c’est le vote de la loi sur la moralisation de la vie politique. Fannette Charvier, députée LREM de la 1ère circonscription du Doubs, participera ce mercredi 9 août 2017 au vote. La moralisation, la baisse des dotations aux collectivités, la réserve parlementaire. La députée dresse un premier bilan. Elle a répondu aux questions de la rédaction…

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maCommune.info a tenu à interroger les députés du Doubs afin de dresser, avec eux, un bilan de ces premiers mois de législature… Fannette Charvier, députée de la 1ère circonscription du Doubs, s'est ainsi prêtée au jeu de la rédaction.

maCommune.info : Trouvez-vous que cette loi soit allée assez loin ? Certains dénonçaient le "retrait" et les "mesurettes" pris par Emmanuel Macron, par exemple sur le casier judiciaire…

Fannette Charvier : Pour moi, ce n'est pas au recul de la part d'Emmanuel Macron, au contraire. Il a proposé lors de sa campagne une vision sur ce qu'il désirait. Ensuite, la loi a été discutée avec le Sénat et l'Assemblée, pour savoir comment justement mettre en place cette vision. 

La mesure sur le casier judiciaire vierge présentait un risque d'inconstitutionnalité. C'était assez compliqué de la laisser telle-quelle. Il fallait trancher sur les cas qui méritaient l'inéligibilité, mettre des limites. On a préféré faire en sorte que les peines d’inéligibilité soient inscrites directement dans le casier en cas de manquement à la probité (discrimination, injure, diffamation, provocation à la haine raciale ou sexiste). Ce n'est donc pas un recul mais une adaptation.

Quel est votre avis sur la suppression de la réserve parlementaire, qui permettait à un parlementaire de distribuer pour 130.000 euros de subventions  ? 

Je suis satisfaite. L'opposition nous fait croire que c'est une chose absolument essentielle pour les associations. Il est vrai que certaines en ont besoin. Mais le reversement de ces montants est déjà discuté dans la loi de finance. Soit il y aura un nouveau mécanisme d'aide aux associations, soit l'on utilisera des mécanismes qui existent déjà.

Je crois qu'il ne faut pas se laisser aveugler par les écrans de fumée envoyés par l'opposition. Ils ne viennent pas voter ou votent contre sous prétexte que voter à trois heures du matin est "ignoble" ; d'autres ne vont pas voter parce qu'ils estiment que leur place est en vacances… C'est facile de pointer du doigt la forme lorsqu'on a trop honte d'assumer qu'on peut avoir tort sur le fond. Ce sont ces attitudes qui ferment la porte aux évolutions possibles.

Que pensez-vous de la suppression de certains avantages des députés ? (régime de retraite calqué sur les autres régimes, tout comme le chômage, ou la fin de la gratuité des transports pour les anciens députés)

Ces avantages à mon sens ne peuvent plus être justifiés. On a un devoir d'exemplarité… Quand on demande à tout le monde de faire des efforts, c'est bien de commencer déjà par soi-même. 

De plus, ces avantages coûtaient à l'Etat, selon le Président de l'Assemblée, 800 mille euros par an, rien que sur les transports. C'est un chiffre conséquent pour des mesures injustifiables...

La dotation des collectivités locales va baisser de 13 milliards sur toute la France et de 50 millions sur Besançon. Quelles conséquences cela aura-t-il sur la vie des Français ? 

On se sert la ceinture à tous les niveaux. Il faut que l'on fasse des efforts, mais pas seulement dans les collectivités. La Sécurité Sociale se verra rationalisée, les Ministères n'auront pas de rallonges…  

Une promesse de campagne du Président était que le déficit public ne dépasse pas 3% du PIB, il faut agir en conséquence. J'aimerais bien dire aux gens "on a de l'argent et on va le distribuer", mais ce n'est malheureusement pas le cas. La dette va finir dans les bras de nos enfants. Si on continue à ce rythme, on file tout droit vers les situations de la Grèce et de l'Italie. Et le risque est d'autant plus grand avec les reprises de croissance dans la zone euro, qui pourraient entraîner une hausse des taux d'intérêts du remboursement de la dette…

Aussi, il est nécessaire qu'on puisse respecter nos budgets par pur principe. C'est de l'argent public, qui provient de nos impôts et de ce que l'on paie au quotidien. Il faut que cet argent soit rationnalisé, on ne peut pas continuer à vivre à crédit sans arrêt.

Le vote de la loi a été reporté au mercredi 9 août ; qu'est-ce que cela implique pour votre départ en vacances ? Est-ce que cela vous gêne ? 

Personnellement, cela ne me fait rien. Je ne prends habituellement aucune vacance en août. Et puis, j'ai été élue sans savoir comment ce système (cf. les vacances des députés) fonctionnait, je ne m'attendais pas spécialement à en avoir.

De plus, je ne suis en poste que depuis le 18 juin. Je ne vais pas me mettre à réclamer des congés... Ça ne se passe pas comme ça dans le privé, je ne vois pas pourquoi je commencerais à me plaindre maintenant. Je ne vais pas dire "ah non au 1er août j'arrête, j'ai mes vacances." Ma priorité est ma mission d'élu. J'estime qu'il faut que je sois à l'Assemblée Nationale lorsqu'il s'y passe quelque chose, donc j'y serai.

Après évidemment, pour les députés qui ont des enfants, c'est déjà certes plus compliqué… Mais je pense que c'est le lot quotidien des français, de devoir s'organiser pour aller travailler et parfois sans pouvoir gérer ses vacances. Pour moi, l'important c'est de voter cette loi. Il serait dommage d'avoir tant fait ces deux dernières semaines, avoir eu tant de débats, de discussions... Pour ne pas réussir à la faire passer. 

Pourquoi pensez-vous que la popularité d'Emmanuel Macron a fait une telle chute dans les sondages ?  (Le Président n'est plus qu'à 40% d'opinions favorables contre 64% en juin selon un récent sondage IFOP)

Cela s'explique par une part de politique pure : l'opposition, même si elle avait de toute évidence très envie de partir en vacances (cf. la polémique sur leurs vacances repoussées) était très active sur les réseaux. 

Mais aussi, Emmanuel Macron aurait pu garder une côte de popularité s'il n'avait rien fait. Quand on agit, cela soulève forcément des réactions et quoi qu'il arrive, il y en aura des négatives. D'autant plus s'il y a des antagonismes forts, très représentés à l'hémicycle : une partie sera toujours insatisfaite. 

Evidemment, des concessions sont faites et des décisions sont tranchées, mais cela dessert parfois l'un ou l'autre groupe, qui accuse alors la majorité de ne pas aller au bout des choses. A nous aussi de montrer le verre à moitié plein plutôt qu'à moitié vide, et cela passera par d'avantage de pédagogie… 

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