Malgré une période de répit en 2021, les attaques de scolytes sont reparties à la hausse 2022 et 2023 et gagnent du terrain. "Les épidémies de scolytes typographe et chalcographe se sont renforcées au printemps et à l’été sur le massif du Jura, qui couvre l’Ain, le Jura et le Doubs", explique Christian Bulle, président de Fransylva Franche-Comté. "Les épicéas sont désormais touchés en altitude, dans leur aire naturelle, et les attaques leur sont fatales. Le sapin subit également des mortalités massives, car déjà affaibli par d’autres facteurs".
Les conséquences pour les forestiers jurassiens sont dévastatrices. "Les attaques de scolytes entrainent une dégradation importante de la forêt, de la valeur du bois et de grandes difficultés financières", complète Christian Bulle. "Le poids émotionnel est également colossal car les forestiers se retrouvent démunis".
Conséquence de sécheresses et de températures record dues au changement climatique, les attaques de scolytes avaient engendré dès 2018 des mortalités importantes d’épicéas dans le Grand Est et en Bourgogne Franche Comté.
Aide à la mobilisation des bois scolytés
Face à cette recrudescence des attaques, le syndicat Fransylva appelle au soutien de l’État. "Nous saluons la prise de conscience du gouvernement à travers la mobilisation du ministère de l’Agriculture et de son département de la santé des forêts (DSF)", explique Christian Bulle. "Mais un certain nombre de mesures urgentes et ciblées doivent être prises en parallèle". Il s’agit tout d’abord de demander un soutien financier pour abattre et évacuer les arbres touchés.
Un danger supplémentaire en cas d’incendie
"Mobiliser les bois morts est essentiel pour renouveler la forêt et pour limiter les chutes dangereuses d’arbres ou de branches", poursuit-il. "Quand la sécheresse reviendra, les arbres morts risquent également de devenir un combustible qui aggrave le risque ou l'ampleur des incendies ou d’encombrer l’accès des pompiers", ajoute-t-il.
Pour le syndicat, aider à la mobilisation rapide des bois scolytes est également "la seule voie permettant aux forestiers d’obtenir une compensation pour ce bois dont la valeur décroît très rapidement".
Pérennisation des fonds pour le renouvellement forestier
Face aux multiples impacts des changements climatiques pour la forêt et le bois, Fransylva appelle également à la pérennisation des fonds pour le renouvellement forestier. "Le dispositif doit absolument être simplifié pour être plus ajusté aux coûts réel des travaux forestiers", précise Christian Bulle. Il s’agit par exemple de la prise en compte de l’inflation dans des barèmes qui aujourd’hui sont devenus obsolètes.
Enfin, le syndicat appelle à une bonne évaluation, de la part des décideurs, de l’importance des enjeux forestiers dans la loi de finances 2024. "En cette période de rigueur budgétaire, n’oublions pas le rôle essentiel de nos forêts pour la Société d’aujourd’hui et de demain", conclut Christian Bulle.